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Les conclusions d’un juge britannique impliquent l’État russe et Vladimir Poutine dans le meurtre en 2006 de l’ex-agent du KGB Alexandre Litvinenko.

«Une blague»: voici à quoi le Kremlin a ravalé la publication du rapport britannique mettant en cause la responsabilité de l’Etat russe dans le meurtre d’Alexandre Litvinenko. L’implication de Vladimir Poutine dans cette opération est «possible», écrivent les journaux russes, préférant user de ce terme plutôt que de l’adverbe «probable» contenu dans le rapport, et dont la signification tendrait à compromettre davantage le chef de l’État russe. Le quotidien gouvernemental Rossiskaya Gazeta relaie la voie de la diplomatie russe, expliquant que le document britannique a pour but de «salir» la Russie et de «cacher les relations de Litvinenko avec les services secrets britanniques».

Aucune conséquence judiciaire concrète n’est attendue, en particulier pour les deux principaux suspects, dont Moscou a toujours refusé l’extradition. «La conclusion concernant Patrouchev (ex-patron du FSB) et Poutine est ridicule: ‘ils ont pu ou bien ils n’ont pas pu participer’. Il y a en Russie une grande masse d’anciens KGbistes qui critiquent le pouvoir et on ne les tue pas pour autant. C’est plutôt la veuve de Litvinenko qui est à plaindre dans cette histoire ainsi que les contribuables britanniques qui ont dû financer ces 400 pages de raisonnements brumeux», résume Dmitri Gololobov, un professeur russe de l’université de Westminster cité par le quotidien Vedomosti.

La publication du rapport tombe à un mauvais moment pour Moscou

Le comité d’enquête russe, dont l’indépendance à l’égard de l’exécutif est largement mise en doute, instruit lui-même l’affaire du meurtre de Litvinenko, dans laquelle les deux principaux suspects, Andreï Lougovoï et Dmitri Kovtun, sont impliqués en tant que parties civiles. Selon Moscou, ces derniers pourraient avoir droit à des dédommagements dans la mesure où ils auraient souffert des radiations du polonium 210 qu’ils auraient à l’inverse, eux-mêmes disséminés, selon le magistrat Robert Owen.

Théoriquement, la publication du document arrive à un mauvais moment pour la diplomatie russe qui espère desserrer l’étau des sanctions européennes en démontrant sa coopération dans le dossier ukrainien tout en marchandant son influence dans les négociations syriennes. Au moins en ce début d’année, le ton de la rhétorique anti-occidentale a baissé à Moscou. Mais la tiédeur des premières réactions officielles britanniques a de quoi rassurer le Kremlin.

 

La sourсe Le Figaro