Le 28 avril, l’Assemblée nationale française s’est prononcée en faveur de la levée des sanctions à l’encontre de la Russie dans la crise du Donbass. Un résultat qui en dit plus sur la France que sur l’Ukraine, estime Oukraïnsky Tyjden.

55 voix pour et 44 contre. Pour 101 députés présents, sur 577 sièges à l’Assemblée nationale française. Et les autres ? Les vacances scolaires, les grèves, les nombreuses manifestations en cours dans tout le pays, les députés ont tant de raisons de ne pas assister à une séance plénière ! Et aucune responsabilité pour leur négligence, alors que de ce vote dépend la réputation de leur pays aux yeux du monde. Cela ne vous plaît pas ? et pourtant…

A l’origine de cette résolution, Thierry Mariani, l’un des lobbyistes pro-Kremlin les plus actifs en France. C’est lui qui, en 2015, a emmené un groupe de députés et sénateurs en Crimée en passant par Moscou. Cette fois, son initiative a obtenu le soutien de républicains, de représentants du Front de gauche et du Front national.

En réalité, cette résolution, qui n’a aucun caractère contraignant, est avant tout un outil de communication. Un moyen de faire pression sur le président François Hollande, sur Bruxelles, sur les institutions internationales, en créant l’illusion d’un sentiment de masse alors que seuls 55 députés ont voté en faveur du document. C’est là toute l’arithmétique du lobbying. Et la magie de ce petit nombre a justement permis aux propagandistes russes de proclamer, à tort, que Paris était pour la levée des sanctions.

“Le vote de l’Assemblée nationale n’aura aucune conséquence directe sur les relations franco-ukrainiennes, a tenu à souligner Oleh Chamchour, ambassadeur d’Ukraine en France. Conformément à la Constitution française, la politique étrangère est du ressort du président de la République. Le secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes Harlem Désir a rappelé dans son discours que la condition préalable à la levée des sanctions ne pouvait être que la mise en œuvre des accords de Minsk. Ainsi, la population de la France vis-à-vis de l’Ukraine reste inchangée.”

“La russophilie est une tendance bien ancrée dans la vie politique française, commente Bernard Bilot, président de l’union des Ukrainiens de France. Elle ne date pas d’aujourd’hui, mais du XIXe siècle, et repose sur de nombreux mythes absurdes […] faisant référence à ‘un partenariat long et stable’ entre Moscou et Paris.”

Toutefois, il ne faut pas confondre cette petite bataille de l’information avec la guerre, la vraie, celle qui se poursuit. Surestimer la manœuvre de l’ennemi, c’est lui fournir davantage d’armes. La résolution de l’Assemblée nationale sur la levée des sanctions contre la Russie est d’abord une question de conscience pour ceux qui, ainsi, crache sur les tombes fraîches des fils et des filles d’Ukraine morts en défendant leur patrie contre les envahisseurs. Ou plutôt, une question de leur absence de conscience. Et rien de plus.

Par: Alla Lazareva

 

Source: Courrier International

Version ukrainienne: Тиждень.ua

Illustration: Dessin de Cost/ Courrier International