Par Alla Lazareva,

Source: Tyzhden.ua

Illustration: Tyzhden.ua

Les rencontres de Petro Porochenko et Volodimir Zelenskiy le 12 avril avec le président français sont devenues le sujet de nombreuses manipulations.

La réunion entre les deux Présidents, français et ukrainien, a duré plus d’une heure.

La Garde républicaine a accueilli Petro Porochenko devant l’escalier du palais de l’Elysée. «Petro!», a lancé Macron en prononçant le nom de l’invité en Ukrainien.

Les éntreintes et les photos font partie du protocole correspondant au statut de l’invité. Et pourtant… La réunion a commencé à 18h10 et s’est terminée à 19h15 au lieu de 18h40, un peu plus tard que prévu. L’évenement était couvert par des journalistes étrangers et ukrainiens à parts égales, on était une trentaine à attendre dans la cour de l’Elysée.

C’était juste normal que la presse n’ait pas été invitée à la rencontre entre Macron et Zelenskiy, encore candidat. Le rendez-vous est mentioné sur le site Web du Président de la France comme «privé et informel». L’Elysée s’est abstenu de tout communiqué de presse sur les résultats. La presse française a répris les depêches de l’AFP, sauf Le Monde qui a concacré un article à cet évenement. Par contre, la page française RT France et Sputnik France ont été beaucoup plus attentifs à cette actualité.

Respectent les standards journalistiques, l’agence France Presse et Le Monde ont  traité les deux candidats à égalité. Ce qui n’est pas le cas de la presse russe.

«L’Occident pourrait insister sur une entente entre les deux candidats: quand Porochenko falsifiera à son avantage les résultats du second tour, Zelensky devra garder le silence», écrit Sputnik.fr, parlant plus de ses propres fantasmes que des faits.

Selon les informations du journal Le Monde, c’est l’équipe de M.Zelensky qui a été à l’initiative, proposant à la partie française un entretien. «Pour le jeune candidat, qui se rêve en «Macron ukrainien», l’intérêt est évident : montrer sa proximité avec un dirigeant populaire en Ukraine, asseoir sa stature internationale et, après avoir été caricaturé en créature manipulée par les Russes, rappeler que sa loyauté va bien à l’Ouest.

L’Elysée avait d’abord préféré ne pas donner suite: le candidat israélien aux législatives Yaïr Lapid avait certes été reçu à Paris quelques jours avant le scrutin en Israël, entre autres exemples, mais ceux-ci sont rares et la démarche inhabituelle. Lorsque M. Porochenko a à son tour sollicité un entretien, l’Elysée a accepté, mais ajouté à l’agenda une rencontre avec M. Zelensky, pour ne pas paraître favoriser un camp».

Les sources diplomatiques de Tyzhden confirment que l’initiative de l’entretien est bien venue du candidat. Il est probable que le philosophe français Bernard-Henri Lévy a mis son grain de sel dans l’organisation de cette rencontre, comme cela s’était déjà passé avant l’élection de Porochenko.

En revanche, sur une vidéo enregistrée à l’hotel «Hyatt» à Paris par des représentants de la chaine de télévision «Neytralniy» (des territoires occupés), Zelenski a prétendu qu’il a été «invité» en France. Des sites douteux, comme «Strana.ua», diffusant également un faux interview du journaliste français Stephane Siohan, ont appuyé à l’unisson cette version des évenements qui était celle du candidat. Il ne serait pas si important de savoir, qui a été le premier à proposer ce rendez-vous, permettant à Zelensky de s’exposer à proximité d’un dirigeant populaire en Ukraine, si le nouveau Président ukrainien ne pretendait ainsi incarner le rôle d’une «personne nouvelle au visage honnête».

Le Monde a indiqué que «de l’avis français, l’équipe de Volodymyr Zelenski a jeté son dévolu précisément sur Paris parce qu’elle estime Berlin acquise à la candidature Porochenko». A la veille des ces entretiens, l’Elysée a prévu «qu’il fallait rappeler, en partenariat avec Berlin, que l’Ukraine doit faire un certain effort».

Apparemment, il a été décidé chez Macron de profiter de l’occasion pour se constituer sa propre impression sur ce «comédien inexpérimenté». «Percer le mystère», suppose Le Monde. «Ce nouveau venu sur la scène politique ukrainienne a balayé en quelques mois ses rivaux, mais l’humoriste est resté assez vague sur ses intentions, y compris au sujet du conflit avec la Russie. Sa victoire representant un saut dans l’inconnu tant pour les Ukrainiens que pour les partenaires de Kyiv», – lit-on dans l’article «Porochenko et Zelensky, les deux candidats à la présidence de l’Ukraine reçus par Macron». Si l’acteur dit être opposé à tout accord qui «abandonnerait les territoire et la population du Donbass», il fait de la conclusion d’un cessez-le-feu une priorité et espère réformer le format de Minsk, en ajoutant Washington et Londres. Un projet qui a «peu de chance de receillir l’assentiment des différentes pays impliqués – France, Allemagne, Russie», – conclut Le Monde.

La publication dans Le Monde rappelle que «le baptême du feu diplomatique» de Zelensky au début de l’année pour Zelensky, une rencontre avec des diplomates occidentaux à Kiev, «avait été jugée ratée, le candidat se montrant peu à l’aise et pas capable d’aller au-delà de vagues déclarations d’intention». Petro Porochenko, par contre, était défini comme «habitué des lieux». «Depuis le début de la campagne, M. Porochenko met en avant sa stature de dirigeant apprécié des occidentaux, qui a signé un accord d’association et obtenu pour ses concitoyens un régime d’entrée dans l’UE sans visa», – lit-on dans Le Monde. «Cela ne semble pas pour l’instant suffire à faire oublier les critiques sur les résultats décevants en matière de lutte contre la corruption», ajoute Bénoit Vitkine, l’auteur du texte.

Le quotidien a décrit cette campagne présidentielle comme étant «de plus en plus sale». Il ne compare guère, par contre, le «serviteur du peuple» ukrainien avec le dirigeant français, comme le disent de leur côté avec insistance les propagandistes russes. Et il n’y avait rien de semblable dans d’autres médias français. Par contre, le mot «clown» apparait des dizaines de fois à coté du nom Zelensky.

Le site pro-russe Strana.ua affirme pourtant le contraire. «On trouve Rothschild derrière Macron, et Kolomoyskiy derrière Zelensky», écrit ce site, attribuant cette comparaison douteuse à un « expert » sans notoriété publique. Dans des reprises de cette publication par d’autres sites du même genre, la source de comparaison se transforme en … un journaliste français, Stéphane Siohan, qui a dementi cette déclaration aussitôt sur sa page Facebook. «Macron «s’est reconnu» en Zelensky, car ils ont le même âge et leurs équipe se composent de gens sans expérience », a écrit le site de propagande, très imaginatif.

En réalité, la comparaison n’a aucun fondement. Le président français est un ancien ministre de l’économie, un ex-conseiller du président Hollande et n’a jamais joué dans les séries télévisés au gout douteux. Emmanuel Macron sait ce qu’il vaut.

Dis-moi, qui assure ta promotion par  mensonges et par fakes, et je te dirai, quelles forces polititiques te voient avantageux pour elles. L’agitation des médias pro-Kremlin au sujet «des succès diplomatiques» de Zelensky à Paris est significative. Il est peu probable que Moscou mettrait tant d’efforts pour promouvoir le candidat, si le Kremlin le considérait comme une menace.

Par Alla Lazareva,

Source: Tyzhden.ua