Illustration: Anna Jaillard Chesanovska/ Facebook

Une traductrice ukrainienne a été condamnée en appel, en France, pour avoir publié une critique d’un film documentaire qui décrivait l’Ukraine comme étant un pays contrôlé par des bandes fascistes armées, soutenues par le gouvernement des Etats-Unis.

La traductrice, Anna Chesanovska, avait déjà été condamnée en première instance pour diffamation envers l’auteur du film, Paul Moreira. Toutefois, la Cour d’Appel de Paris a réduit le montant de l’amende à 7000 euros ainsi que la publication de la condamnation dans un journal.

Paul Moreira, est l’auteur du film «Ukraine: les masques de la Révolution» qui a été diffusé en France sur Canal + en février 2016.

Cette même année, Anna Chesanovska, avait été embauchée pour traduire deux interviews pour ce film. Puis ayant découvert le résultat final au moment de sa diffusion, elle a écrit un article sur le site du quotidien Libération, dans lequel elle estimait que les coupes effectuées dans le film faisaient dire autre chose aux personnes interrogées que ce qu’ils avaient vraiment voulu dire. Paul Moreira a alors attaqué Anna Chesanovska en diffamation.

Ce documentaire très controversé a aussi suscité une vague de critiques dans plusieurs médias, et notamment d’une vingtaine de journalistes français qui avaient tous une expérience du reportage en Ukraine, et qui se sont élevés contre les interprétations du film. Des chercheurs, des professeurs d’université et deux anciens ambassadeurs de France en Ukraine ont également souligné les nombreuses lacunes du film. Mais Paul Moreira n’a porté plainte que contre la traductrice ukrainienne.

Malgré la demande de l’avocat d’Anna Chesanovska, le documentariste a réfusé de présenter les enregistrements vidéo originaux des entretiens avec Ihor Mossiychouk, député du Parti Radical, ainsi que d’Andriy Biletsky, le fondateur du bataillon Azov. La journaliste ukrainienne n’avait traduit au moment du montage du film que les interviews de ces deux personnages politiques. Aussi, la cour n’a tranché qu’en fonction des déclarations de chacun, sans pouvoir demander une expertise.

C’est pourquoi Anna Chesanovska a décidé de faire un nouvel appel de cette décision devant la Cour de cassation.

Rappelons, que Paul Moreira, dans ce film, a prétendu que les événements à l’Est de l’Ukraine ont été provoqués par l’«interdiction de la langue russe». De plus, dans son documentaire, il tentait de convaincre que les groupes d’extrême droite ont conduit le Maidan. Selon lui, ces militants auraient également brûlé vif, en toute conscience, leurs opposants le 2 mai 2014 à Odessa.

Dans son nouveau documentaire, dédié à la propagande russe, Paul Moreira est revenu brièvement sur le sujet ukrainien pour mentionner, encore une fois, «les fascistes sur Maidan».

Le film de Moreira «Ukraine: les masques de la Révolution» a été traduit en russe avec une rapidité étonnante. Ce film a été présenté sur les écrans français en février 2016, et dés le mois de mai, l’Union des journalistes de Russie lui a attribué un prix, signe que son film avait donc vraiment été apprécié par cette organisation russe très officielle. Et on comprends très bien pourquoi: car l’ensemble des thèses défendues dans le film sont en effet des thèmes récurrents de la propagande russe qui ne cesse de ressasser les mêmes arguments.

L’équipe de StopFake souhaite affirmer sa solidarité avec Anna Chesanovska et invite tous ceux qui se sentent également concernés à la soutenir financièrement.  Vous pouvez aider Anna, par virement ou par chèque en précisant que c’est pour la soutenir :

UNION DES UKRAINIENS DE FRANCE
LA BANQUE POSTALE
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