L’Ukraine est en train de préparer en secret un «plan de déstabilisation» de la situation en Crimée: des publications de ce type sortent dans les médias de propagande depuis le début de l’annexion de la péninsule par les russes et de l’aggression dans l’est de l’Ukraine, en 2014.

Le 9 juin dernier, des médias russes sont allés plus loin en diffusant une fausse information qui fait état de l’intention de l’Ukraine d’organiser un attentat en Crimée. Participant à ce petit spectacle, le secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, Nikolay Patrouchev, s’est rendu à Sébastopol pour une réunion sur la sécurité nationale. Il a déclaré qu’il existait une menace en Crimée venue de soi-disant «nationalistes ukrainiens agressifs». Les médias russes comme RBC, TASS, RIA Novosti ont repris le refrain.

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Le secrétaire du Conseil de sécurité russe a déclaré qu’en Crimée il existait un «haut niveau de menace terroriste», précisement à cause de la politique actuelle de l’Ukraine, qui n’admet pas l’occupation de la péninsule. En outre, selon Patrouchev, il existe des «extrémistes» désireux d’agir. De cette manière le fonctionnaire russe décrit tous les musulmans de Crimée et les représentants du Majlis, membres du peuple Tatar de Crimée (le Majlis est l’assemblée des Tatars de Crimée, une structure représentative. Depuis 2016, toutes ses activités sont interdites par décision de la procureure générale de Crimée, au nom de la lutte contre l’extrémisme – ndlr). Patrouchev a prétendu que le Majlis passe des «appels à commettre des attentats» en Crimée.

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«La déclaration du secrétaire du Conseil de sécurité russe ne reflète pas la réalité et peut faire craindre un nouveau cycle de représailles à venir en Crimée de la part des forces de l’ordre russes», estime un des leaders des Tatars de Crimée, le député ukrainien Mustafa Dzhemilev, aujourd’hui en exil à Kiev, dans un commentaire pour Krym.Realii.

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Un avocat russe Nikolay Polozov, qui s’occupe des affaires de prisonniers politiques ukrainiens en Russie et en Crimée occupée, a confirmé sur Facebook que les craintes de Dzhemilev ne sont pas infondées. Polozov est certain que la Russie se prépare à la fabrication d’affaires judiciaires contre les opposants à l’ordre russe dans la péninsule.

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L’avocat de Crimée Edem Semedlyaev, qui s’occupe également des affaires visant des musulmans et des Tatars de Crimée, accusés de «terrorisme» et d’ «extrémisme», a expliqué que   le secrétaire du Conseil de sécurité de Russie préparait de cette manière le terrain pour les nouvelles mises en détentions dans la péninsule. « Ils feront des perquisitions, des enlèvements et des tortures », a-t-il écrit. «Ils ne savent pas faire autre chose».

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Pour le moment, les tribunaux russes étudient les cas de «saboteurs ukrainiens» et de «terroristes» en Crimée annexée. Ce sont les Ukrainiens Eugene Panov et Andrey Zakhrey, l’activiste Nariman Memedeminov, tous les protagonistes de l’affaire «Hizb-ut Tahrir» (les avocats insistent qu’il s’agit de persécutions motivées par des raisons religieuses – ndlr). Parmi les derniers cas de «terrorisme» figurent Alexander Stechenko et Erol Veliev, ainsi que de nombreux autres Ukrainiens et habitants de Crimée.

Uniquement pour 2017, la Groupe de droits de l’homme de Crimée a enregistré au moins 19 détentions administratives, fondées sur des motifs politiques. Au moins 25 personnes sont devenues de nouveaux accusés, risquant des poursuites pénales à motivation politique.