La réalité: les informations diffusées par les médias russes ne sont confirmées ni par les représentants des autorités locales de la ville et ni par les journalistes de Mykolaiv.

Les médias russes se reposent sur la déclaration du Ministère russe de la Défense et affirme qu’une « catastrophe humanitaire » serait en train de se produire à Mykolaiv, dans le sud-ouest de l’Ukraine. Ceux-ci dénoncent ce qu’ils appellent « des raids punitifs de l’armée » qui se seraient déroulés dans la ville et auraient eu pour but de «repérer tout signe d’adhésion aux idées pro-russes des résidents locaux».

Le 20 avril, le Ministère russe de la Défense publie cette déclaration pour d’attirer l’attention sur Mykolaiv, qui nous le rappelons est sous le feu constant de l’armée russe. Selon celui-ci, la ville se trouverait «dans une situation difficile, les aides sociales ne sont plus versées et l’aide humanitaire volée par l’administration locale». La déclaration comportait également des accusations plus virulentes encore sur les prétendus « raids punitifs », qui aurait eu pour but de «détecter tout signe d’opinions pro-russes parmi les résidents locaux ». Cette information a été relayée par notamment RIA Novosti, Zvezda, Lenta.ru, Izvestiya et d’autres médias russes à travers le pays. De plus, ces affirmations concernant ces prétendus «militaires ukrainiens menant des opérations punitives à Mykolaiv» auraient été «vérifiées» par le Comité d’enquête russe.

Selon le maire de Mykolaiv, Aleksandr Senkevich, les informations sur «la catastrophe humanitaire» dans sa ville ne correspondent en rien à la réalité. Les déclarations des autorités russes sont non seulement infondées, mais correspondent totalement à la ligne traditionnelle de propagande du Kremlin visant à discréditer les autorités et les militaires ukrainiens. Dans une interview à l’édition locale de «NikVesti», le maire déclaré que tous les services publics de Mykolaiv fonctionnent normalement. Malgré les bombardements incessants de la ville par les troupes d’occupation, les systèmes d’éclairage, de gaz, de chauffage de toutes les infrastructures publiques fonctionnent. Seuls les problèmes d’approvisionnement en eau subsistent du fait du bombardement de deux réseaux par l’armée russe. Malheureusement, leur réparation est actuellement impossible en raison des combats acharnés. Pour ce qui est de la réponse à une question sur d’éventuelles représailles contre la population russophone de la ville, Aleksandr Senkevich a déclaré qu’étant donné que Mykolaiv est russophone à 90 %, de telles déclarations sont totalement absurdes.

Vitaly Kim, le chef de l’administration militaire régionale de Mykolaiv, a quant à lui a répondu aux questions concernant «les ressentis pro-russes dans la ville» lors de l’interview du 7 avril. Pour lui «A Mykolaiv, les personnes qui manifestent leur amour de la Russie le font uniquement pour atteindre leurs objectifs politiques. Le pourcentage des pro-russes est très mince. Et aujourd’hui, toutes les forces vives de la ville se sont unies. Les récits idéologiques pro-russes font désormais partie du passé.» Aleksandr Senkevich confirme également que les élus locaux pro-russes de la plate-forme d’opposition «Pour la vie» ont d’eux-mêmes disparu de la vie publique depuis le début de la guerre généralisée.

Yekaterina Sereda, journaliste, représentante régionale de Mykolaiv, de l’Institut des mass-médias et de l’association des journalistes ukrainiennes défendant la liberté d’expression, confirme également, comme le maire de Mykolaiv que les services publics fonctionnent normalement. De plus, elle rejette la véracité les déclarations concernant les «actions punitives de l’armée» et leurs «raids visant à détecter tout signe d’attitude pro-russe chez les résidents locaux». Elle déclare: qu’« il n’y a pas de rafle de russophones. Mykolaiv est une ville où la majorité de la population parle russe». Et poursuit «je suis sûre que le nombre de personnes qui attendaient ici le monde russe a diminué lorsque leurs pseudos libérateurs ont commencé à bombarder la ville».

Aleksandr Senkevich ajoute que, depuis fin février, les bombardements ont tué 86 personnes, dont 1 enfant et ont fait 392 blessées, dont 3 enfants.

Il est à noter qu’il existe des cas isolés de détention de citoyens ayant transmis des informations sur les mouvements de troupes ukrainiens au profit de l’ennemi ou ayant soutenu l’agression militaire russe contre l’Ukraine (actes répréhensibles par la loi ukrainienne du 14.03.2022). Ainsi, le 21 avril, on a appris la détention d’une habitante du village de Pervomaiske, qui distribuait des documents encourageant la création de la « Novorossiya » dans les régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Mykolaiv. Le 5 avril également, le Service de Sécurité ukrainien a déclaré que le chef du bureau du procureur de Mykolaiv a été inculpé pour trahison envers l’Etat. Il aurait transmis aux militaires russes des informations sur la situation opérationnelle à Mykolaiv et dans la région limitrophe. Le résultat étant la perte de nombreux militaires et de civiles sous les bombardements, sans compter les prisonniers détenus par l’ennemi.

Les déclarations du Ministère russe de la Défense concernant la prétendue «distribution incontrôlée de drogues et d’armes à la population locale» sont totalement fausses. Les unités militaires de Mykolaiv sont bien équipées et aucune arme n’est destinée à être distribuée massivement à la population. La police régionale continue à lutter contre la criminalité liée à la drogue, ce qui contredit également les affirmations sans fondement du Ministère de la Défense de la Fédération de Russie. Au cours du seul week-end du 18 et 19 avril, les policiers de la région ont répondu à 1 327 signalements de toutes sortes.

La situation humanitaire dans la ville de Mykolaiv est également maintenue dans un état normal pour le moment grâce à l’assistance fournie régulièrement par les régions voisines. Selon l’administration militaire de la ville d’Odessa, depuis le mois de mars, le centre de coordination humanitaire de la région a collecté et envoyé plus de 36 000 colis. Aujourd’hui, en raison du manque d’approvisionnement centralisé de la ville, l’eau est temporairement apportée depuis Odessa. Nous vous rappelons que tous les ports ukrainiens de la mer Noire sont bloqués par la Russie.

StopFake avait précédemment démenti le fake selon lequel l’équipage entier du croiseur Moskva avait été évacué.