Les médias russes ont fait une généralisation manipulatrice basée sur les récits de tierces personnes qui ont supposément entendu les témoignages de quelques femmes ukrainiennes qui faisaient la queue pour de la nourriture gratuite dans un centre de bénévoles en Norvège.  Les médias norvégiens n’ont pas présenté ce sujet comme une tendance dominante parmi les réfugiés ukrainiens, ils ne sont pas exprimés non plus à propos de l’existence de quelconque cas confirmés de recours à la “prostitution pour survivre”. En même temps, les organisations internationales soulignent que la guerre de la Russie en Ukraine a augmenté le risque de cas de traite des êtres humains, lorsque les victimes deviennent précisément les personnes vulnérables, comme les réfugiés.

En même temps, un certain nombre de médias du Kremlin affirment que la Norvège aurait déclaré que les réfugiés ukrainiens « doivent survivre grâce à la prostitution ».

« Cependant, des pleurs collectifs n’aident guère les réfugiés qui envisagent déjà de se prostituer », c’est ainsi que REN TV interprète le reportage de la chaîne de télévision norvégienne NRK.

Capture d’écran – ren.tv
Capture d’écran – riafan.ru

La propagande russe fait référence à la chaîne de télévision norvégienne NRK. Cette chaîne a vraiment fait un reportage consacré au sujet de la situation des réfugiés ukrainiens. En particulier, ce reportage parle de certains réfugiés qui doivent profiter de la distribution gratuite de nourriture dans l’une des villes norvégiennes, à Stavanger, pour s’en sortir. NRK, à son tour, a cité le journal  “Stavanger Aftenblad” : «Cette situation a été discutée  pour la première fois dans notre journal. Le journal a également déclaré que la situation financière est si grave que certains envisagent de se prostituer. »

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StopFake a contacté l’auteur de l’article de Stavanger Aftenblad, Klaus Gustafsson, pour clarifier la justesse avec laquelle les médias russes ont tiré des conclusions sur la base de son article. Comme l’a expliqué le journaliste, certains médias russes sont allés trop loin.

“Comme je peux voir, certains titres sont incorrects. Ceci s’applique également au contenu de quelques articles”, a répondu le journaliste de Stavanger Aftenblad.

Klaus Gustafsson a déjà écrit des dizaines d’articles sur les problèmes que rencontrent les réfugiés ukrainiens. Le fait que certains réfugiés soient vraiment dans une situation telle qu’ils pensent même à la prostitution, le journaliste a entendu pour la première fois du chef de l’organisation bénévole « Open Hands For You ». Ensuite, il a également clarifié cette information avec un volontaire qui parlait ukrainien, qui lui a confirmé à son tour qu’il avait entendu deux femmes ukrainiennes dire cela. A part ces quelques déclarations, faites non pas par les nécessiteux eux-mêmes, mais racontées par des témoins oculaires, l’article ne dit rien sur le fait qu’il existe des cas confirmés de réfugiés contraints de subvenir à la prostitution pour survivre en Norvège. Au contraire, divers représentants de la communauté locale parlent de la façon de mieux aider les réfugiés ukrainiens, et que personne ne devrait avoir faim ou penser à ce recours dans un pays comme la Norvège.

Il est important de noter que la guerre de la Russie contre l’Ukraine a en effet augmenté le risque de traite des êtres humains et d’exploitation des plus vulnérables. En témoignent les résultats du rapport « La Strada International ».

“Selon le rapport, en raison de ce déplacement massif de personnes, un nombre croissant de réfugiés risquent de travailler dans l’industrie du sexe ou occuper des emplois dans des conditions mauvaises et/ou irrégulières. En particulier, les femmes sont vulnérables non seulement par rapport à l’exploitation sexuelle, mais aussi en ce qui concerne l’exploitation par le travail. Des prestations de services sexuels et autres faveurs ont même été demandées à la place de l’argent du loyer dans certains endroits”, dit le rapport.

Également, la représentante spéciale des Nations Unies sur la violence sexuelle dans les conflits, Pramila Patten, a noté que “la crise humanitaire provoquée par la guerre de la Russie en Ukraine se transforme rapidement en trafic d’êtres humains, qui exploite les femmes et les enfants, qui constituent la majorité des réfugiés qui fuient la guerre”.

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Des cas similaires ont été enregistrés en Norvège et en Suède. Ainsi, NRK a fait un reportage sur le fait qu’en Norvège et en Suède, la police a découvert que le nombre de prostituées ukrainiennes avait augmenté depuis le début de la guerre. Mais, comme la police de Stockholm l’a dit à NRK, la raison en est devenue l’invasion russe à grande échelle de l’Ukraine, et de nombreuses femmes ne se seraient pas permis d’être recrutées si ce n’était pas suite à la guerre. Certaines de ces femmes ont obtenu le statut de victimes de traite des êtres humains. Le ministère norvégien de la justice a noté que c’est une question sérieuse que des femmes vulnérables soient soumises à une exploitation brutale et à des crimes graves.

StopFake a démontré à plusieurs reprises comment la propagande russe tente de diverses manières de discréditer les réfugiés ukrainiens et de détourner l’attention des véritables raisons pour lesquelles des millions de personnes ont dû quitter leur foyer et chercher un endroit sûr dans d’autres pays. Vous pouvez lire à ce sujet dans les articles: « Faux: Des réfugiés ukrainiens ont incendié une maison allemande en essayant de brûler le drapeau russe« , “Faux: Des réfugiés ukrainiens ont commencé la bagarre sur la route en Italie”,  “Faux: Des réfugiés ukrainiens en Italie ont battu la petite-fille du poète russe Brodsky”.