Les médias russes accusent l’armée ukrainienne d’avoir bombardé la centrale nucléaire d’Ukraine du Sud, et confirment en même temps qu’elle a été bombardée avec des armes russes. Pour se justifier, ils prétendent que la cible du bombardement était des “objets militaires” mythiques, “cachés” dans la centrale par les militaires ukrainiens. Ce paradoxe ne surprend guère. Les propagandistes sont pressés et ne se soucient pas de la logique de leurs arguments.

Les médias de propagande du Kremlin rapportent que le 19 septembre l’armée ukrainienne aurait tiré des roquettes sur la zone industrielle de la centrale nucléaire d’Ukraine du Sud, située dans la région de Mykolaiv.

« La propagande ukrainienne accuse la Russie d’être responsable de l’incident, bien qu’il soit évident qu’il s’agit d’une provocation du régime de Kyiv », écrit le site « Russkaya Vesna ». Les chaînes Telegram des propagandistes russes rapportent qu’il s’agirait d’un nouvel « autodafé » d’une installation nucléaire par les forces armées ukrainiennes, à l’instar de la centrale nucléaire de Zaporijjia.

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Capture d’écran – t.me/RVvoenkor

« Enerhoatom« , l’exploitant de toutes les centrales nucléaires en activité en Ukraine, a déclaré que le 19 septembre à 00h20, l’armée russe avait tiré un missile sur la zone industrielle de la centrale nucléaire d’Ukraine du Sud, et que le missile était tombé à 300 mètres des réacteurs nucléaires. 

« Une puissante explosion s’est produite à seulement 300 mètres des réacteurs de la centrale d’Ukraine du Sud. L’onde de choc a endommagé le bâtiment de la centrale elle-même et fait exploser plus de 100 fenêtres. L’une des unités de production de la centrale hydroélectrique d’Aleksandrovska, qui fait partie du complexe énergétique d’Ukraine du Sud, s’est arrêtée. Trois lignes électriques à haute tension ont également été mises hors service », a déclaré la société « Enerhoatom« , notant que de tels actes de terrorisme nucléaire commis par l’agresseur russe menacent le monde entier.

Le Commandement opérationnel « Sud » a indiqué que les troupes russes ont probablement tiré un missile sol-sol Iskander sur la centrale.

« Energoatom » et le président Vladimir Zelensky ont tous deux partagé une vidéo du missile russe frappant le territoire de la centrale.

Il convient de noter que cette centrale est située dans la région de Mykolayiv, constamment bombardée en raison de la proximité des territoires temporairement occupés par la Russie. Le même jour, l’armée russe a tiré six missiles sol-air S-300 et trois missiles du système de lance-roquettes multiples Smertch.

De plus, les médias du Kremlin elles-mêmes ont confirmé le bombardement de la centrale nucléaire sud-ukrainienne par les Russes, publiant même une carte justificative indiquant que le missile n’aurait pas touché la centrale elle-même. Sur l’une des chaînes, ils ont « expliqué » que la Fédération de Russie ne visait pas la centrale nucléaire, mais une « installation militaire ».

« La frappe précise des forces armées russes a mis hors service le dépôt de carburant et de lubrifiants sur le territoire de l’entreprise de transport de la centrale nucléaire sud-ukrainienne. A l’abri de la centrale, les formations ukrainiennes ont créé une base de transbordement, d’où part le carburant pour approvisionner le groupement des Forces armées ukrainiennes dans la direction Nikolaev-Krivoy Rog », a rapporté le site podolyaka.ru, admettant ainsi un autre acte du terreur nucléaire de la Russie.

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« Néanmoins, la plupart des médias du Kremlin, même après un tel aveu de la propagande russe, ont continué à promouvoir la version selon laquelle il s’agissait d’un « tir ukrainien », et ont même trouvé des « preuves » qu’une telle « provocation » avait été préparée à l’avance par l’Ukraine. Ainsi, sur le net est apparu un document qui montre qu’en 2017, des exercices antiterroristes ont eu lieu à la centrale nucléaire de Zaporijjia et à la centrale ukrainienne du Sud, notamment avec la participation d’experts des États-Unis. Et cela, selon les propagandistes, devrait juste prouver que le bombardement de la centrale nucléaire d’Ukraine du Sud était « loin d’être un accident, mais une action des États-Unis menée par le régime fantoche ukrainien ».

Capture d’écran – zp-news.ru
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Скриншот — zp-news.ru

En effet, en septembre-octobre 2017, des entrainements spécifiques pour intervenir en cas de sabotage ont été organisés dans un certain nombre de centrales nucléaires en Ukraine, notamment la centrale nucléaire d’Ukraine du Sud. Le scénario de l’exercice pour la région de Mykolayiv a été élaboré par le service de la sécurité local, avec pour objectif  « d’améliorer le niveau d’interaction entre les participants à l’exercice en ce qui concerne la sécurité du transfert de combustible nucléaire vers l’Ukraine, puis sa livraison aux centrales nucléaires du pays ». Les exercices ont eu lieu avec le soutien de la Defense Threat Reduction Agency (DTRA – Agence de réduction des menaces) du Département américain de la Défense, et ils n’avaient aucun caractère secret, ont fait l’objet d’une importante couverture médiatique et n’avaient rien d’un complot. 

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À son tour, le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, a réagi à ce nouvel acte d’agression en déclarant que cette explosion démontrait aussi clairement « le danger potentiel pour les autres installations nucléaires du pays ».

StopFake a précédemment démenti que l’AIEA n’aurait « pas vu » d’équipement militaire russe à la centrale nucléaire de Zaporijjiaa, que la Russie aurait « sauvé » la centrale qui était « dans un état catastrophique » et que le Pentagone aurait reconnu que l’armée ukrainienne bombardait la centrale de Zaporijjia.