Les faits: Les militants ukrainiens qui s’occupent du retour des prisonniers de guerre n’ont jamais enregistré de refus d’échange.

Les médias du Kremlin et les réseaux sociaux ont affirmé que les prisonniers de guerre ukrainiens préfèrent rester dans les camps russes et ne veulent pas retourner en Ukraine. La propagande russe cite en particulier les propos de Larysa Shesler, chef de l’Union des émigrés politiques et des prisonniers politiques d’Ukraine, une organisation pro-Kremlin.

Capture d’écran – Politnavigator
Capture d’écran – Smolenskaya narodnaya gazeta (Смоленская народная газета)

“La grande majorité d’entre eux ne veulent pas d’échange. Car s’ils sont renvoyés en Ukraine, ils se retrouveront sur la ligne de front deux ou trois semaines après. Ici, ils vivent en paix, ils ne risquent rien. Et leurs proches leur disent : “Tenez-vous pépère et ne faites pas de vagues.” Aujourd’hui, être dans un camp de prisonniers de guerre est bien mieux que de se trouver dans une tranchée. Et de nombreux proches ne veulent pas d’échange”, a déclaré Larysa Shesler, citée par le site russe Politnavigator.

Après la diffusion de ces propos, StopFake a décidé de vérifier si des cas de prisonniers de guerre ukrainiens refusant de participer à l’échange étaient effectivement enregistrés en Ukraine. Il s’avère que ce n’est pas le cas.

Pour obtenir des précisions, StopFake a contacté l’organisation publique Voyatskyy Vizvil (Libération militaire), créée par des parents de prisonniers, de disparus et de militaires décédés. Nous lui avons demandé de commenter les propos de Larysa Shesler et de nous indiquer s’il existait réellement des cas de refus. L’organisation a répondu qu’elle n’avait jamais rencontré de tels cas.

“Nous sommes une organisation qui communique avec des milliers de parents de prisonniers de guerre. Nous n’avons pas enregistré un seul cas où des parents ont demandé à ce que leurs proches ne reviennent pas de captivité. Il s’agit d’une déclaration cynique et mensongère visant à démoraliser les familles des prisonniers de guerre et eux-mêmes”, ont-ils écrit.

StopFake a également posé une question similaire à l’Initiative des médias pour les droits de l’homme. Elena Belyachkova, coordinatrice des groupes de familles de prisonniers de guerre, affirme également que la déclaration diffusée n’est pas fiable.

“Ayant communiqué directement avec les familles de prisonniers de guerre, je n’ai jamais entendu dire qu’elles refusaient que leurs proches soient échangés et retournent sur le territoire contrôlé par l’Ukraine. Il est tout simplement absurde de dire que les prisonniers de guerre veulent rester en captivité. En tant qu’organisation de défense des droits de l’homme recueillant les témoignages de prisonniers de guerre, nous entendons constamment parler de mauvais traitements, de pressions physiques et psychologiques et de tortures à l’encontre de nos prisonniers de guerre. Dans de telles circonstances, ni les proches, ni le prisonnier de guerre lui-même ne voudront rester dans les centres de détention”, a déclaré Mme Belyachkova.

StopFake a également posé la même question au Quartier général de coordination pour le traitement des prisonniers, mais n’avait pas encore reçu de réponse à la date du 26 septembre.

Une autre déclaration de Larysa Shesler, selon laquelle les prisonniers de guerre ukrainiens après leur retour se retrouveront immédiatement dans les “tranchées”, a été réfutée par StopFake dans l’article Faux : “La prison ou le front attend les prisonniers de guerre ukrainiens à leur retour”.