Aucun État n’a encore voté de résolution visant à traduire en justice la Fédération de Russie,responsable des crimes commis contre l’Ukraine, car la proposition ne sera examinée qu’à la 77e session de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre. Le document, daté du 24 août et intitulé sur les réseaux sociaux «Résolution de l’Assemblée générale de l’ONU» n’en est pas une à ce jour. Il s’agit d’une déclaration commune de l’Ukraine et de 57 autres États membres condamnant le non-respect par la Fédération de Russie des résolutions de l’Assemblée générale des 2 et 24 mars exigeant la fin de l’agression militaire contre l’Ukraine.

La propagande du Kremlin continue de parler d’une certaine lassitude de la communauté internationale face à la « question ukrainienne». Cette fois, elle diffuse de nombreuses publications disant que le soutien de l’ONU à l’Ukraine  a considérablement diminué au cours des six derniers mois. Cette lassitude aurait été attestée par le fait que le 2 mars 2022, l’Assemblée générale des Nations Unies avait adopté une résolution exigeant que la Russie mette fin à « l’opération militaire spéciale » en Ukraine.

« A cette date, 141 États (73%) sur 193 avaient voté pour la résolution », indique la publication, et « le 24 août, seuls 58 États ont soutenu la résolution condamnant les agissements de l’armée russe en Ukraine. De ce fait, le soutien de l’ONU est passé en six mois de 73% à 30% ».

Capture d’écran – facebook.com

Ces allégations sont fausses. Nous vous expliquons pourquoi.

Une résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies est un acte officiel qui exprime la position des États membres sur les questions relevant de la compétence de l’Assemblée. Sur l’agression russe en Ukraine, l’Assemblée générale a adopté plusieurs résolutions.

La première, intitulée «Agression contre l’Ukraine» (A/ES/11-1), qui condamne l’invasion russe, a été adoptée le 2 mars 2022. Effectivement, elle a été adoptée par 141 voix pour, 35 abstentions et seulement 5 voix contre : la Russie, la Biélorussie, la Corée du Nord, l’Érythrée et la Syrie. Cette résolution  «exige que la Fédération de Russie cesse immédiatement d’employer la force contre l’Ukraine et s’abstienne de toute nouveau recours illicite à la menace ou à l’emploi de la force contre tout État membre» (point 3) ; exige également que la Fédération de Russie retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien àl’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays ; exige que la Fédération de Russie retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays (point 4) ; exige que la Fédération de Russie revienne immédiatement et sans condition sur sa décision relative au statut de certaines zones des régions ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk (point 5) ».

La deuxième résolution de l’Assemblée générale, intitulée «Conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine» (A/ES/11-2)  a été adoptée le 24 mars 2022 par 140 pays. La résolution  « déplore les conséquences humanitaires désastreuses des hostilités menées par la Fédération de Russie contre l’Ukraine» , propose des mesures concrètes pour résoudre les problèmes humanitaires et exige que la Fédération de Russie cesse immédiatement les attaques contre la population civile ukrainienne.

La troisième résolution de la XIe session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale a suspendu le droit de la Fédération de Russie de siéger au Conseil des droits de l’homme, se disant gravement préoccupée par les informations concernant « des violations flagrantes et systématiques des droits de l’homme » par la Fédération de Russie en Ukraine. La résolution a été adoptée le 7 avril 2022 par 93 voix pour, 24 contre et 58 abstentions.

L’information circulant dans les médias selon laquelle, le 24 août, moins d’un tiers des États membres de l’ONU auraient soutenu une résolution visant à tenir la Fédération de Russie pour responsable des crimes commis sur le territoire ukrainien est un mensonge pur et simple. Aucun Etat membre de l’ONU ne pouvait encore voter une telle résolution, puisqu’elle ne sera examinée qu’à la 77e session de l’Assemblée générale en septembre. C’est ce que le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré lors de son discours lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée au maintien de la paix et de la sécurité en Ukraine.

«Pour ne plus jamais avoir de crise alimentaire, la Russie doit quitter notre terre et notre mer. Pour qu’aucun État au monde ne puisse plus jamais ignorer la Charte des Nations Unies et les conventions obligatoires pour toute l’humanité, la Russie doit être tenue pour responsable du crime d’agression contre l’Ukraine», a déclaré Volodymyr Zelenskyy. Une telle résolution sera soumise à l’examen à la 77e session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Pour que le sens de la justice revienne dans les relations internationales, nous devons tous réaffirmer et amener la Russie à reconnaître que le respect des frontières et la paix sont des valeurs fondamentales pour tous les peuples ».

Le document daté du 24 août, qui circule sur les réseaux et intitulé la « Résolution de l’Assemblée générale de l’ONU » n’en est pas encore une. Il s’agit d’une déclaration commune de l’Ukraine et de 57 autres États membres sur les six mois de l’invasion russe à grande échelle. Elle a été énoncée le 24 août lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU à New York. Ses auteurs déplorent le non-respect par la Fédération de Russie des résolutions A/ES/11-1 du 2 mars 2022 et A/ES/11-2 du 24 mars 2022, ainsi que le non-respect de l’ordonnance de la Cour internationale de justice du 16 mars 2022, notamment sur l’emploi de la force par la Russie en Ukraine.

C’est loin d’être la première manipulation du Kremlin concernant les déclarations de l’ONU. En mars 2022 déjà, après le rejet de la résolution « humanitaire » russe sur la soi-disant « protection de la population civile » de l’Ukraine par le Conseil de sécurité de l’ONU, les propagandistes avaient diffusé une fausse information selon laquelle l’ONU aurait « béni le génocide en Ukraine ». En août 2022, certains médias pro-Kremlin avaient déformé une citation du secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, dans un article sur un « attentat suicidaire des forces armées ukrainiennes contre la centrale nucléaire de Zaporijjia».