FactCheck : l’enquête mentionnée par les médias russes ainsi que des prétendus instituts de sondage, n’existent pas en réalité. Ce rapport est probablement une simple invention du site de propagande Pravda.ru.

Certains médias russes ainsi que des chaînes anonymes sur Telegram ont fait circuler un message indiquant qu’environ 30% des jeunes Ukrainiens se sont déplacés en Russie depuis février 2022. Ils se référent à une étude réalisée par deux entreprises, Global Service et European Migration Support Bureau, qui auraient questionné, de façon anonyme, 6 000 Ukrainiens. Selon ces dernières publications, plusieurs facteurs auraient influencé la décision des jeunes Ukrainiens à rester en Russie. Il y a l’absence de barrières linguistiques pour poursuivre des études, travailler et plus généralement communiquer ; puis il y la simplification de la procédure d’obtention des permis de séjour et des passeports ; ou encore la non-mobilisation dans les forces armées ukrainiennes.

Capture d’écran – ukraina.ru

Il convient de préciser qu’aucun des sites n’a pas publié un lien actif de ce « sondage ». Les journalistes de StopFake n’ont pas réussi à trouver une seule étude similaire. Tout indique qu’il s’agit d’une infox.

Tout d’abord, les instituts de sondage sociologiques dénommées «Global Service» et «Euporean Migration Support Bureau» n’existent pas. De plus, le nom « Euporean Migration Support Bureau » a très été mal orthographié (« Euporean » au lieu de « European »). Cette erreur est caractéristique de tous les médias qui ont publié cette nouvelle. Le premier à mentionner ces « sondages » et à faire une erreur dans l’orthographe de l’entreprise a été le site de propagande Pravda.ru. Il est fort probable qu’il soit l’auteur de ce faux. 

En fait, il existe quelques structures au nom similaire qui sont chargées des questions relatives aux réfugiés, comme European Union Agency for Asylum et European Asylum Support Office (EASO). Cependant, aucune de ces organisations réputées n’a pas diffusé de telles données.

Les données diffusées par les médias russes ne correspondent pas non plus à la réalité. Tout d’abord, selon les statistiques du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), il y a 1 275 315 réfugiés ukrainiens en Russie au 31 décembre 2022. Toutefois, selon l’institution, « le nombre d’individus réfugiés enregistrés dans le pays est une approximation, car il est impossible de prendre en compte d’éventuels mouvements ou retours pour le moment ». Selon l’investigation du projet civique ukrainien OPORA, publié en juin 2023, près de 63 % des Ukrainiens à l’étranger sont des adultes, et 22 % sont des enfants de moins de 18 ans. Cependant, on ne connait pas le pourcentage de jeunes parmi ceux qui sont partis de l’Ukraine (selon la législation ukrainienne, les citoyens ukrainiens ayant de 14 à 35 ans sont considérés comme des jeunes).

La diffusion des données en ligne et le fait même d’avoir mené un tel sondage sont très discutables. En effet, les médias russes eux-mêmes écrivent que le « sondage » aurait été effectué auprès des Ukrainiens «dont certains se sont rendus sur le territoire de la Crimée ou dans d’anciennes régions ukrainiennes qui ont rejoint la Russie à la suite des référendums».

Plus tôt, StopFake a démenti une autre infox « FAUX: « Il n’y a pas de déportation forcée des réfugiés depuis l’Ukraine». En réalité: les faits suggèrent le contraire». Les journalistes de StopFake ont démontré que le déplacement forcé de personnes vers différentes régions russes et la « passportisation » forcée des Ukrainiens dans les territoires temporairement occupés par la Russie est un crime de guerre. Il existe de nombreux témoignages de réfugiés qui ont été contraints de partir vers le territoire russe à cause de l’absence d’autres options d’évacuation.