La vidéo, largement diffusée sur la Toile, n’a aucun lien avec l’Ukraine. Apparemment, elle aurait été filmée en Syrie et circule en ligne depuis décembre 2019, ce qui veut dire qu’elle a vu le jour avant l’invasion à grande échelle de la Russie.

Certains internautes, et surtout les «chaînes Z» sur Telegram, ainsi que les chaînes pro-russes sur YouTube, diffusent largement cette vidéo d’une puissante explosion. Ils prétendent qu’il s’agit d’une séquence de la détonation alléguée d’une bombe à détonation volumétrique ODAB-500P de fabrication russe lancée par un bombardier russe Su-34.

Capture d’écran – facebook.com

Les ogives thermobariques, les bombes aérosols et les explosifs thermobariques ont une puissance de destruction énorme. Ce type de bombe contient un réservoir de liquide combustible volatil (ou une fine poudre explosive ou de la poudre métallique) et deux charges explosives. Elle combine des effets thermiques, d’onde de choc et de dépression. En explosant, elle disperse un nuage de carburant qui s’enflamme au contact de l’air ambiant, provoquant une deuxième explosion à haute température.

Aussi appelée «bombe à vide» ou «bombe à suppression d’oxygène», c’est l’arme non nucléaire la plus puissante au monde. La Deutsche Welle cite des experts militaires qui affirment que les températures extrêmes et l’onde de choc provoquées par l’explosion détruisent toute vie dans un rayon de 500 mètres. Quiconque se trouve dans la zone environnante subit de graves lésions et blessures internes, donc invisibles, dont la rupture des tympans, des commotions, un collapsus des poumons et d’autres organes internes, voire la cécité.

Le droit international humanitaire n’interdit pas expressément leur usage, mais il est néanmoins interdit de les utiliser contre des cibles militaires situées à proximité de civils. Si un belligérant les utilise pour viser des civils dans des zones habitées, des écoles ou des hôpitaux, il peut être reconnu coupable de crime de guerre en vertu des conventions de La Haye de 1899 et 1907, et pour cause: la violence de la déflagration en fait une arme d’une importante létalité.

Le ministère britannique de la Défense a déjà confirmé l’utilisation par la Russie de bombes à vide en Ukraine. Karim Khan, le procureur de la Cour pénale internationale, a déclaré dans un commentaire pour la BBC que la Cour enquêtait sur de possibles crimes de guerre commis en Ukraine, en particulier par l’utilisation par la Russie d’armes inhumaines.

Mais la vidéo qui circule en ligne n’a rien à voir avec l’Ukraine. Une recherche inversée de Google a permis aux journalistes de StopFake de découvrir qu’elle circule en ligne depuis au moins décembre 2019. Ainsi, elle date d’avant l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie. La description de la vidéo précise qu’il s’agit d’une séquence de l’explosion d’une bombe ODAB-500P en Syrie.

Capture d’écran – youtube.com

Il convient de préciser que les médias russes avaient diffusé cette séquence en 2019, accompagnée de commentaires d’experts militaires sur la fiabilité de la vidéo et sur le fait de savoir s’il s’agissait d’une bombe à vide ou d’un autre type de bombe.

Selon les experts militaires et les militants des droits de l’homme, le régime de Bachar el-Assad a utilisé des armes thermobariques de fabrication russe dans la guerre civile syrienne.

StopFake a déjà réfuté d’autres infox dans lesquels on reprochait à l’Ukraine de «filmer des vidéos mises en scène sur les victoires au front».