Le rapport de l’ONU sur la détention de civils pendant l’attaque massive de la Russie contre l’Ukraine se concentre surtout sur les atrocités commises par l’armée russe en Ukraine. Le rapport fait état de plus de 900 cas de détention arbitraire de civils, y compris d’enfants et de personnes âgées. « La grande majorité » de ces cas ont été commis par la Fédération de Russie. De plus, les exécutions perpétrées par les troupes russes constituent des crimes de guerre. Aucune exécution de ce type n’a été enregistrée côté ukrainien.

Les réseaux sociaux et les sites web russes ont diffusé des informations selon lesquelles l’ONU aurait « accusé les forces de sécurité ukrainiennes de torturer des civils dans des centres de détention clandestins ». « L’ONU a déclaré qu’il y avait eu une augmentation significative des violations de la loi par les forces de sécurité ukrainiennes. C’est ce qui ressort d’un rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme. (…) L’ONU a signalé que des dizaines de citoyens détenus avaient été torturés dans des centres de détention non officiels. Des spécialistes ont interrogé des détenus impliqués dans le conflit en Ukraine », indique le site web russe NSN.

Capture d’écran – aif.ru

Le rapport de l’ONU cité fait référence à la détention de civils dans le contexte de l’attaque armée russe contre l’Ukraine et couvre la période du 24 février 2022 au 23 mai 2023. En fait, les principales conclusions de ce rapport portent spécifiquement sur les atrocités commises par les forces russes qui ont illégalement envahi l’Ukraine, plutôt que sur « une augmentation significative des violations de la loi par les forces de sécurité ukrainiennes ». Le document souligne que l’Ukraine a également violé le droit international en détenant des civils, mais que c’est l’armée russe qui a commis « l’écrasante majorité » des crimes documentés. Les publications sur la culpabilité de l’Ukraine sur les sites web russes et dans le segment russe des réseaux sociaux sont des manipulations et sortent complètement l’information de son contexte.

Ainsi, le rapport de l’ONU indique que les troupes russes ont exécuté 77 civils qu’elles avaient arbitrairement détenus pendant l’invasion de l’Ukraine. Un autre homme détenu est mort des suites de tortures, de conditions inhumaines et d’un défaut d’assistance médicale. La mission de l’ONU n’a cependant pas documenté une seule exécution de civils détenus par les troupes ukrainiennes.

De plus, les Nations unies ont recensé 864 cas de détention arbitraire par la Russie depuis le début de l’invasion massive de l’Ukraine. Il existe également des preuves que les forces russes et les forces de l’ordre ont eu recours à la torture et aux mauvais traitements à grande échelle à l’encontre des détenus civils. «La torture a été utilisée pour forcer les victimes à avouer qu’elles aidaient les forces armées ukrainiennes, pour les contraindre à coopérer avec les autorités d’occupation ou pour intimider les personnes qui ont des opinions pro-ukrainiennes », a déclaré Matilda Bogner, chef de la mission de surveillance des droits de l’homme de l’ONU, lors d’un point de presse à Genève.

Selon le site Internet du Los Angeles Times, Mme Bogner a également souligné que l’Ukraine avait accordé aux enquêteurs de l’ONU « un accès confidentiel sans entrave » aux détenus des centres de détention officiels, à l’exception d’un groupe de 87 marins russes. La Russie, en revanche, n’a pas accordé cet accès à l’Organisation malgré de nombreuses demandes.

Dans l’ensemble, le rapport fait état de plus de 900 cas de détention arbitraire de civils, y compris d’enfants et de personnes âgées, dont la « grande majorité » a été le fait de la Russie. Dans 91 % des cas, les détenus ont déclaré avoir été soumis à « des actes de torture et des mauvais traitements, y compris des abus sexuels » par des interrogateurs russes. Du côté ukrainien, 75 cas de détention arbitraire par les forces de sécurité ukrainiennes ont été recensés, principalement des personnes soupçonnées de crimes liés au conflit. Plusieurs dizaines de détenus ont également fait état de tortures ou de mauvais traitements, généralement au cours des interrogatoires ou immédiatement après les arrestations.

De plus, les experts de l’ONU n’ont trouvé aucun élément prouvant que les autorités russes auraient enquêté sur les allégations d’abus commis par leurs propres forces armées, et le rapport exprime des inquiétudes quant à un projet de loi qui, dans certaines circonstances, exempterait les personnes de toute responsabilité pénale pour les crimes commis dans les régions occupées de l’Ukraine.

Malgré des centaines de violations avérées du droit international, la Fédération de Russie nie toutes les allégations d’atrocités et d’attaques contre des civils en Ukraine. Dans le même temps, les médias russes accusent l’Ukraine de « torturer des civils », mais ne mentionnent pas que le rapport de l’ONU se concentre davantage sur les crimes de l’armée russe. De plus, le document de l’ONU ne mentionne pas du tout une « augmentation significative » des violations du droit pratiquée par l’armée ukrainienne. 

StopFake continue de réfuter de fausses informations similaires sur la guerre de la Russie en Ukraine dans « Cinq fausses informations russes à la Cour internationale de justice de l’ONU », « Infox : Zelensky a ‘refusé’ de se présenter aux élections et a ‘usurpé’ le pouvoir en Ukraine« , « Manipulation : la mobilisation générale dans les régions ukrainiennes commence à causer  des ‘pertes énormes’« .