Kristalina Georgieva, directrice du FMI, n’a fait aucune déclaration accusant l’Ukraine. Selon elle, la récession mondiale est associée à la pandémie de COVID-19 et à l’agression russe.

Les médias russes diffusent une désinformation sur le Fonds monétaire international (FMI), qui aurait déclaré que « la moitié des pays de l’Union Européenne en 2023 seront confrontés à une récession due à l’Ukraine ». Déformant la déclaration de la chef du FMI Kristalina Georgieva, les médias pro-Kremlin ont inventé des accusations adressées à l’Ukraine qui aurait « provoqué » des crises énergétiques et économiques dans les pays de l’UE. Les médias russes ont également qualifié la guerre russe contre l’Ukraine  comme «une crise ukrainienne » et « un conflit autour de l’Ukraine», sans mentionner l’invasion des territoires ukrainiens.

Capture d’écran – news.ru

La désinformation venue des médias russes sur la «récession de l’économie européenne causée par l’Ukraine» est basée sur une interview de la directrice générale du Fonds monétaire international à la chaîne de télévision américaine CBS, effectuée en janvier. Parlant des défis économiques auxquels le monde sera confronté en 2023, Kristalina Georgieva a noté que la nouvelle année serait «plus difficile que l’année que nous avons laissée derrière». La raison principale est le fait que les trois plus grandes économies mondiales – les États-Unis, l’UE et la Chine – ralentissent en même temps.

Cependant, ce n’est absolument pas l’Ukraine qui a ébranlé l’économie mondiale, mais bien une combinaison de facteurs, y compris l’agression russe contre le monde démocratique et l’invasion à grande échelle du territoire ukrainien. Selon Georgieva, le déclin des économies a commencé en 2019 en raison de la pandémie de COVID-19, et la guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine en a intensifié les effets. Dans le même temps, la directrice du FMI a souligné que c’était la Russie – et non l’Ukraine, comme le disent les médias russes – qui avait apporté l’instabilité aux pays de l’Union Européenne.

« L’Ukraine s’est avérée étonnamment stable : l’économie ukrainienne fonctionne, les pensions sont payées. Après le bombardement, la restauration de l’énergie, de l’eau et du chauffage se produit très rapidement. Nous voyons qu’en Ukraine, les revenus sont collectés de manière très disciplinée pour soutenir le fonctionnement du pays. Le gouvernement [ukrainien] se porte très bien dans un environnement incroyablement difficile. Non, le pays ne s’effondrera pas», a souligné Georgieva.

Par ailleurs, Kristalina Georgieva a noté que même malgré la guerre et le chantage au gaz, les économies des pays de l’UE ont tenu le coup. Une récession due à l’agression russe pourrait en effet toucher la moitié des pays de l’UE en 2023, a déclaré Georgieva. Cependant, les États européens ont survécu et poursuivent leur chemin vers l’indépendance énergétique vis-à-vis de l’agresseur.

«Une autre chose remarquable est que le monde s’est avéré plus résistant que nous ne le craignions au début de l’année dernière. Nous regardons la réaction de l’Europe au choc énergétique, et l’Europe se dirige résolument vers l’indépendance vis-à-vis de la Russie. Oui, il y aura un hiver rigoureux, peut-être que le prochain sera encore plus rigoureux, mais la fin de la dépendance vis-à-vis de la Russie arrive», a souligné Georgieva.

Résumant ses prévisions pour l’économie mondiale en 2023, Georgieva a également noté que des nombreux États ont réussi à s’unir en 2020 dans le contexte de la pandémie. La chef du FMI a exprimé l’espoir que face à l’agression russe, le monde fera de même: «Dans notre monde avec ses bouleversements plus fréquents et destructeurs, nous devons nous tenir la main, nous devons travailler ensemble», a souligné Georgieva.