En réalité: Lors du bombardement de Kyiv du 1er mars, l’armée russe a tiré sur la tour de télévision; un missile a touché le bâtiment technique du centre de télévision, un autre le bâtiment Avantgarde, sur le site d’un ancien cimetière juif. Les tirs ont atteint aussi le complexe commémoratif de Babi Yar, où quelque 33 000 Juifs ont été massacrés par les nazis en septembre 1941. Par ailleurs, selon la Communauté juive unie d’Ukraine, la synagogue de Kharkiv, l’une des plus grandes d’Europe, a également été la cible de tirs, ainsi que le cimetière juif de Bila Tserkva et un certain nombre d’autres sites juifs du pays.

Les médias russes ont accusé le président ukrainien Volodymyr Zelensky d’avoir menti devant le parlement israélien en déclarant que des missiles russes avaient touché Babi Yar. Ils ont affirmé que le site du mémorial n’avait subi aucun dommage, citant un journaliste israélien.

La propagande russes s’appuie sur le témoignage de Ron Ben-Ishay, qui dit avoir traversé toute la zone du mémorial de Babi Yar le lendemain de l’attaque et n’avoir trouvé aucune trace de bombes ou de roquettes. Pour preuve, Ben-Ishay a publié une photo de lui sur place, avec le monument de la menorah (le chandelier à sept branches) en arrière-plan.

Les forces d’invasion russes ont bombardé le 1er mars la tour de télévision de Kyiv, qui se trouve juste à côté du mémorial. Ce jour-là, Volodymyr Zelensky a tweeté: «Pourquoi répéter ‘Plus jamais ça’ pendant 80 ans et se taire lorsqu’une bombe tombe sur Babi Yar?» Son ministre des Affaires étrangères Dmytro Kuleba a également souligné la symbolique de cette attaque russe: «La tour de télévision de Kyiv, qui vient d’être touchée par une roquette russe, est située à Babi Yar. Les 29 et 30 septembre 1941, les nazis ont tué là plus de 33 000 Juifs. Quatre-vingts ans plus tard, les nazis russes frappent à cet endroit pour tuer des Ukrainiens». Ni le président ni le ministre ukrainiens n’ont invoqué la destruction du mémorial. Ils ont alerté sur le fait que le site avait été visé et touché par des roquettes russes.

Le 4 mars, le Centre pour les technologies spatiales et le Centre commémoratif de l’Holocauste de Babi Yar ont rapporté que les missiles russes avaient frappé très près (20 à 30 mètres) de l’endroit où des dizaines de milliers de victimes, en majorité juives, mais aussi roms, avaient été sommairement exécutées.

«Les exécutions à Babi Yar se sont poursuivies jusqu’en 1943, et au total, 70 000 à 100 000 personnes y ont été tuées. Aussi nous pouvons considérer l’ensemble de cette terre comme un lieu de mémoire de l’Holocauste qui ne devrait pas être touché», a estimé Maxym Rokhmaniyko, directeur du Centre des technologies spatiales.

Le Centre commémoratif de l’Holocauste de Babi Yar a publié une carte du site montrant les lieux d’impact des frappes aériennes, tout près du cimetière juif, ainsi qu’à proximité de l’emplacement d’un musée en projet avant le déclenchement de la guerre.

Le bombardement a également été condamné par le ministère israélien des Affaires étrangères.

Selon la Communauté juive unie d’Ukraine, au moins six sites juifs ukrainiens ont été touchés par la guerre de «dénazification» de la Fédération de Russie, dont la synagogue chorale de Kharkiv.