Réalité: Le conseil des Nations unies a examiné les témoignages des victimes indépendamment de l’identité ou de la nationalité de l’auteur présumé du crime. Ce rapport est le fruit du travail collectif d’un groupe de représentants de pays  démocratiques, d’organisations internationales et d’organismes chargés de faire respecter la loi. Il est également souligné que la Russie a refusé de coopérer à cette commission.

La Russie poursuit sa politique de déni et cherche à se dissocier des crimes commis par son armée d’invasion en Ukraine. Pour maintenir leur récit thématique sur « l’esprit pacifique » des occupants, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a diffusé une fausse information selon laquelle le rapport du Conseil des droits de l’homme [1] de l’ONU sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie aurait «confirmé les évaluations de la Russie concernant le parti pris politique et le manque d’indépendance de cet organe [de l’ONU]». Mme Zakharova a également déclaré que «les experts n’ont même pas essayé de rendre le document objectif et équitable».

Capture d’écran – mk.ru

Les responsables russes manipulent délibérément les données du rapport d’octobre du Conseil de l’ONU, qui présente les résultats d’enquêtes sur les événements survenus dans les régions de Kyiv, Tchernihiv, Kharkiv et Soumy entre février et mars 2022. Le jour de la publication du rapport du Conseil des Nations unies, les médias russes ont commencé à diffuser un faux concernant le document, affirmant que l’ONU aurait « enfin reconnu les crimes de guerre de l’Ukraine ». L’équipe de StopFake l’avait déjà réfuté dans l’article «Manipulation: l’ONU a reconnu que les forces armées ukrainiennes sont des criminels de guerre».

Toutefois, quelques jours après la publication de ce rapport, la Russie a changé de rhétorique et, contrairement à ses précédentes affirmations concernant le document du Conseil des Nations unies. Elle accuse désormais l’organisation de « partialité », « d’opinion préconçue » et de « manque d’indépendance ». Ces allégations sont de la désinformation, car le rapport a été rédigé par un groupe d’enquêteurs indépendants de différents pays (paragraphe 4).

Décrivant la méthodologie de la collecte des preuves de crimes de guerre présumés sur le territoire de l’Ukraine, le Conseil a déclaré qu’il était guidée par les principes d’indépendance, d’impartialité, d’objectivité et de bonne foi. Il est expressément souligné que le Conseil a examiné les allégations de violations indépendamment de l’identité ou de la nationalité de la personne ou de l’acteur présumé responsable. En d’autres termes, les enquêteurs n’ont fait preuve d’aucun «parti pris» (paragraphe 6).

On ne peut pas non plus dire que le rapport est « unilatéral » ou « inéquitable » car le rapport est le fruit d’un travail collectif d’un groupe de pays démocratiques et d’organisations. Dans la méthodologie de l’enquête il est souligné que le Conseil, après avoir mené des entretiens avec les victimes, a vérifié les informations provenant des sources primaires et secondaires disponibles. Ces sources comprenaient les documents de divers organismes publics de nombreux pays, de fonds et programmes des Nations unies, des organisations de la société civile ainsi que des médias. Le Conseil a également souligné qu’il coopérait pleinement avec le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale et d’autres acteurs internationaux et nationaux (paragraphe 22). Cette enquête est collective et ne peut être considérée comme «unilatérale», comme le prétend le Kremlin.

Le Conseil a également demandé une série d’informations et de documents en rapport avec son mandat (paragraphe 9). L’Ukraine a fourni toutes les données nécessaires aux enquêteurs, tandis que la Russie a ignoré les appels de l’ONU à la coopération (paragraphes 19-20). C’est pourquoi les affirmations du Kremlin selon lesquelles le rapport est « politiquement biaisé » sont de la désinformation car c’est bien la Russie, et non pas le conseil des Nations unies, qui a refusé de prendre part à l’enquête.

Le Conseil des Nations unies s’est rendu dans 27 établissements ukrainiens et a interrogé plus de 190 victimes et témoins au cours de ses visites. Les experts de l’ONU ont enregistré deux incidents de mauvais traitements infligés aux soldats russes en l’Ukraine. En outre, les conclusions soulignent que le Conseil a trouvé des motifs raisonnables de conclure qu’un certain nombre de crimes de guerre, de violations des droits de l’homme et de violations du droit humanitaire international ont été commis en Ukraine. « Les forces armées russes sont responsables de la grande majorité des violations identifiées par le Conseil », indiquent les conclusions du rapport (paragraphes 109-112).


[1] Le Conseil est composé de 47 États Membres qui sont élus par l’Assemblée générale des Nations Unies. Il a été créé par l’Assemblée générale des Nations Unies le 15 mars 2006. Le Conseil des droits de l’homme a remplacé l’ancienne Commission des droits de l’homme de l’ONU. (https://www.ohchr.org)