La réalité: Le texte du Mémorandum de Budapest est laconique et ne laisse aucune place à l’interprétation. Il n’y a pas d’exceptions ou de réserves en vertu desquelles ce mémorandum devient invalide, à l’exception de celles qui sont énoncées dans le texte de l’accord lui-même.

Le Kremlin a une fois de plus déclaré que la Russie n’aurait pas violé le mémorandum de Budapest, puisque l’Occident a été le premier à avoir prétendument sapé le «fondement juridique» des accords – bien avant 2014.

« Parmi les événements qui nous permettent de tirer une telle conclusion, je citerai le bombardement de la Yougoslavie, la sécession effective du Kosovo sous la pression directe des États-Unis et de ses alliés, l’intervention des pays occidentaux dans les affaires intérieures de l’Ukraine en 2004, qui a conduit à un coup d’État rampant dans ce pays sous couvert de processus démocratiques », a déclaré Andrey Belousov, chef adjoint de la délégation russe du ministère des affaires étrangères de la Fédération de Russie, lors de la Conférence de révision du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

Capture d’écran – ria.ru

Après l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, l’Ukraine a hérité du troisième plus grand arsenal nucléaire au monde. Le 24 octobre 1991, l’Ukraine a déclaré son statut exempt d’armes nucléaires, déclarant que la présence d’armes nucléaires sur le territoire du pays était un phénomène temporaire. Trois ans plus tard, les présidents de l’Ukraine, des États-Unis et de la Russie ont signé une déclaration trilatérale, selon laquelle l’Ukraine a effectivement adhéré aux traités sur la non-prolifération des armes nucléaires. En retour, le 5 décembre 1994, les dirigeants des États-Unis, de la Russie et de la Grande-Bretagne ont signé un document sur les garanties de sécurité dans le cadre de l’adhésion de l’Ukraine au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires – plus tard connu sous le nom de Mémorandum de Budapest. Le Mémorandum de Budapest n’a été ratifié par aucun des signataires car il n’exigeait pas légalement la ratification. Son texte stipule: «Ce Mémorandum sera applicable à partir du moment de la signature».

Après la signature de ce document, le processus de «désarmement » de l’Ukraine a commencé, c’était le retrait des missiles nucléaires de l’Ukraine vers la Russie et l’élimination des silos de missiles intercontinentaux à propergol solide. L’Ukraine a complètement perdu son statut nucléaire en 2001, lorsque le dernier silo a été éliminé.

Les déclarations des représentants du ministère russe des affaires étrangères selon lesquelles les accusations de la Russie de violer les accords de Budapest sont «sans fondement», puisque l’Occident aurait été le premier à saper le «fondement juridique» de ces accords, déforment les faits.

Le mémorandum sur les garanties de sécurité dans le cadre de l’adhésion de l’Ukraine au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (le soi-disant Mémorandum de Budapest) se compose de 6 points. Selon le texte du mémorandum, le Royaume-Uni, la Russie et les États-Unis ont contracté les obligations suivantes :

  • -Respecter l’indépendance et la souveraineté ukrainienne dans ses frontières actuelles.
  • -S’abstenir de toute menace ou usage de la force contre l’Ukraine.
  • -S’abstenir d’utiliser la pression économique sur l’Ukraine en vue d’influencer sa politique.
  • -Demander l’aval du Conseil de sécurité des Nations unies si des armes nucléaires sont utilisées contre l’Ukraine.
  • -S’abstenir d’utiliser des armes nucléaires contre l’Ukraine.
  • -Consulter les autres parties prenantes si des questions se posent au sujet de ces engagements.

Le texte du document est concis et ne laisse aucune place à l’interprétation. Il n’y a pas d’exceptions ou de réserves en vertu qui rendraient ce mémorandum invalide.

Les représentants du ministère russe des affaires étrangères mentionnent une série d’événements, tels que le bombardement de la Yougoslavie et la sécession du Kosovo, qui auraient sapé les fondements juridiques du mémorandum de Budapest. Cependant, comme le montre le texte du traité, cela n’a rien à voir avec la région des Balkans : par conséquent, ces événements ne pourraient en aucun cas affecter les obligations de la Russie concernant la souveraineté et l’intégrité de l’Ukraine. Le diplomate russe mentionne également « l’ingérence des pays occidentaux dans les affaires intérieures de l’Ukraine en 2004, qui a conduit à un coup d’État rampant dans ce pays sous couvert de processus démocratiques » comme un facteur qui aurait rendu le mémorandum de Budapest intenable. Plus tôt, StopFake a analysé en détail ce récit russe dans l’article «Faux: l’Ukraine a violé le Memorandum de Budapest». Même le fait qu’en 2008 la Fédération de Russie ait prolongé l’accord ukraino-russe d’amitié, de coopération et de partenariat, témoigne de la manipulation et de la sournoiserie de la propagande du Kremlin. Puisque dans cet accord, qui n’a perdu sa force qu’en 2019, les pays ont convenu de l’intégrité territoriale, de la souveraineté et de la non-violation des frontières l’un de l’autre.

Même avant l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, l’ancien ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavlo Klimkin a affirmé que la Fédération de Russie avait violé presque tous les points du Mémorandum de Budapest. Les analystes de The Insider écrivent que la sécession de la Crimée et de Sébastopol de l’Ukraine et leur annexion à la Russie, c’est une violation du paragraphe 1 du mémorandum ; l’entrée des forces spéciales russes en Crimée et la participation du personnel militaire russe aux hostilités dans l’est de l’Ukraine, c’est une violation directe du paragraphe 2 ; le chantage économique avec les menaces de coupure d’approvisionnement en gaz qui a commencé peu après la Révolution Orange de 2004-2005, c’est une violation directe du paragraphe 3.

Plus tôt, StopFake a réfuté les fausses informations de la propagande du Kremlin, selon lesquelles l’Ukraine se préparait prétendument à créer ses propres armes nucléaires.