Réalité: La Russie substitue sciemment le concept de « déportation forcée » par l’euphémisme  « réfugiés volontaires ». Selon le gouvernement ukrainien, la Russie a expulsé de force 1,2 million de personnes des territoires ukrainiens, qu’elle a forcées à passer par des «camps de filtration»; les données sont confirmées par des organisations internationales. Il existe également de nombreux cas d’Ukrainiens expulsés de Russie vers les pays de l’UE.

Les médias russes continuent à promouvoir le récit pro-Kremlin sur «l’esprit de paix» de la Russie et le souhait des Ukrainiens de «fuir l’anarchie de l’Ukraine pour la Fédération de Russie». C’est ainsi que les médias russes ont présenté la «nouvelle» selon laquelle «près de 3 millions d’Ukrainiens veulent partir pour la Russie», mais «les autorités de Kyiv continuent à bloquer «l’évacuation» des citoyens ukrainiens».

Capture d’écran – ria.ru

La grande majorité des Ukrainiens ne rêvent pas de la fameuse «libération» de l’Ukraine par la Russie mais considèrent celle-ci comme un agresseur. De plus, après les bombardements russes mal ciblés sur des villes pacifiques, après la destruction d’infrastructures civiles et le massacre de civils, le sentiment identitaire des Ukrainiens a atteint un niveau sans précédent depuis les 30 années qui ont suivi la restauration de l’indépendance du pays. Selon une enquête sociologique menée par le groupe «Rating», neuf Ukrainiens sur dix (93%) croient en la victoire de l’Ukraine dans la guerre contre la Russie. De plus, selon de récents sondages d’opinion, la grande majorité des Ukrainiens, à savoir 89%, soutiennent la demande de reconnaissance des actions des troupes russes en Ukraine comme « génocide du peuple ukrainien ». C’est pourquoi le récit du Kremlin sur les « Ukrainiens qui rêvent d’échapper à l’anarchie en fuyant vers la Russie » repose sur des spéculations et non sur des faits.

Selon les Nations Unies, à la date du 15 mai, environ 6,2 millions de personnes ont quitté l’Ukraine en raison de l’invasion à grande échelle de la Russie. Parmi eux, 3,35 millions se sont réfugiés en Pologne, 919 500 en Roumanie. Plus de 838 000 se trouvent en Russie. Cependant, ces données ne reflètent pas l’image réelle, car l’ONU n’enregistre que le premier pays d’arrivée, sans suivre le parcours ultérieur des réfugiés.

ll convient également de souligner qu’une grande partie des Ukrainiens enregistrés en Russie sont des personnes déportées illégalement par les forces d’occupation russes. Promouvant le discours sur «les Russes épris de paix» par rapport à l’Ukraine, le Kremlin remplace sciemment le concept de «déportation forcée» par celui de «réfugiés volontaires». L’expulsion illégale de citoyens ukrainiens des territoires occupés n’est pas une «évacuation de réfugiés», mais le déplacement forcé de citoyens ukrainiens sur le territoire du pays agresseur.

Le 9 mai, Lyudmila Denissova, la commissaire aux droits de l’homme de la Verkhovna Rada (le Parlement ukrainien), a cité des données supérieures aux statistiques de l’ONU. Selon Denissova, la Russie a déporté illégalement du territoire ukrainien environ 1,2 million de personnes, dont 200 000 enfants, en les faisant passer par les camps de filtration.

Certaines organisations internationales confirment les faits de déplacement forcé d’Ukrainiens sur le territoire russe. Des médias indépendants mènent leurs propres enquêtes dans lesquelles ils affirment que les autorités russes obligent les Ukrainiens arrivés volontairement ou de force sur le territoire de la Fédération de Russie à subir des fouilles, des interrogatoires et à séjourner dans des camps spéciaux. Selon une enquête menée en mai par le Washington Post, certains Ukrainiens parviennent à quitter la Russie pour le territoire de l’Union européenne, mais nombre d’entre eux, estimés « peu fiables », sont déplacés vers des colonies spécialisées en Russie profonde. Ainsi, les Ukrainiens déportés «sont piégés dans un pays qui les a traités avec haine et a détruit leurs maisons», écrit le Washington Post.

Le 13 avril, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a fourni un rapport détaillé sur les crimes de la Russie en Ukraine. Le document contient des preuves de crimes de guerre commis par l’armée russe sur le territoire ukrainien, incluant les faits de déportation forcée de citoyens ukrainiens vers la Russie. Le 28 avril, le chef de la mission américaine auprès de l’OSCE, Michael Carpenter, a également fait état de la déportation forcée d’Ukrainiens des territoires temporairement occupés vers la Russie.

«La Russie intensifie le déplacement forcé en cours de la population locale des régions du sud et de l’est de l’Ukraine vers la Russie ou les parties du Donbass sous contrôle russe par le biais des «camps de filtration». Selon des récits dignes de foi, les forces russes arrêtent des civils locaux dans ces zones, détiennent des personnes dans ces camps et les interrogent avec brutalité sur leurs  liens supposés avec le gouvernement ukrainien ou des médias indépendants… D’après nos informations, la Russie kidnappe, torture et/ou assassine des élus locaux, des journalistes et des militants de la société civile, ainsi que des chefs religieux», a déclaré Michael Carpenter.

Le 28 avril, l’envoyée spéciale des États-Unis pour la justice internationale Beth Van Schaak a également confirmé que la Russie déplaçait de force des Ukrainiens vers le territoire russe.