Les événements du 2 mai 2014 à Odessa restent l’un des sujets de discussion les plus importants pour les médias russes. Dans cet article, nous allons présenter les manipulations et les narratifs le plus courants à propos de l’incident tragique du 2 mai 2014. Ainsi,  le 2 mai a eu lieu un drame au cours duquel 48 personnes ont péri dans le terrible incendie de la Maison des syndicats.

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«Khatyn d’Odessa – un drame apocalyptique pour la Russie»

Les propagandistes russes continuent d’exploiter activement l’idéologème «Khatyn d’Odessa», créé en 2014. Cette formule fait référence aux événements tragiques de la Seconde Guerre mondiale, lorsque 149 habitants du village Khatyn ont été brûlés vivants par des forces spéciales allemandes. L’image de «Khatyn» est associé à la mémoire d’autres villages brûlés et symbolise la destruction de la population civile.

La propagande russe construit une analogie avec Khatyn en 1943 pour repartir les rôles entre les participants du conflit à Odessa: les militants «pro-russes» sont indiqués comme «les civils pacifiques d’Odessa», tandis que les patriotes ukrainiens sont présentés comme des agresseurs: «des banderistes», des «nationalistes radicaux», des «partisans de Maidan». La même rhétorique ressort des titres de publications des médias russes à ce sujet: «Vendredi noir. 2 mai: Comment les civils d’Odessa et Slavyansk ont été tués», «Yunna Moritz: Ce qu’il s’est passé à Odessa, ce n’est pas une bataille d’idées, mais c’est Auschwitz, où des animaux brûlent des gens», «La tragédie d’Odessa: ils ont brûlés par amour pour la Russie».

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La propagande russe prêtent une attention particulière aux symboles. Pour les faire exister dans l’esprit des gens, on tourne des films propagandistes, on organise des manifestations, des expositions photo, on compose des poésies. Ainsi, les événements du 2 mai sont souvent présentés comme faisant partie de l’histoire russe, car prétendument, «les habitants d’Odessa ne voulaient pas devenir radicaux» et «restaient fidèles à la Russie».

Les coupables sont aussi définis dès le premier jour de la tragédie. Ce sont, bien entendu, le «régime de Kiev», et plus précisément, Oleksandr Tourchinov, Président par intérim, et Arsen Avakov, ministre de l’intérieur en mai 2014. Prétendument, ces politiciens ont participé dans la création et le déploiement de détachements de militants dans la région de la mer Noire. Des médias russes font également allusion à des «superviseurs occidentaux» qui auraient fait un «vœu de silence» dans l’enquête sur les «événements du 2 mai».

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Outre le fait que les médias russes répètent ouvertement des clichés de propagande des années précédentes, les publications montrent une détermination revancharde.

Il convient de préciser que les médias russes ont publié un grand nombre d’entretiens avec des soi-disant participants à ces événements. Ce qui est significatif, c’est que la plupart de ces gens ont commencé leurs «combats contre les nazis» à Odessa, et peu après le 2 mai, ils sont soit partis en Russie, soit ils ont rejoint des «milices locales» dans les Républiques autoproclamées de Lougansk et Donetsk.

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Fakes et manipulations

Les médias russes continuent de répéter plusieurs thèses clés de la propagande, qui ont été réfuté déjà plusieurs fois.

Fake: «Les partisans du Maidan ont tué tous ceux qui ont sauté de la Maison des syndicats en flammes par les fenêtres».

Ce fake a été créé immédiatement après les événements du 2 mai 2014 et la propagande russe continue l’exploiter. De cette manière, les propagandistes soutiennent une image des partisans de Maidan cruels et inhumains. Mais ces faits n’ont pas été jamais établis. Une journaliste d’Odessa; Tatiana Gerasimova, qui faisait partie du «Groupe du 2 mai», composé d’experts indépendants et de représentants de la société civile, témoigne que, au contraire, «nombreux ont été ceux qui sauvaient des gens. Par exemple, il y avait des membres de la «Légitime défense d’Odessa» et de nombreux «ultras» de clubs de football.

Fake: «Les autorités ukrainiennes cachent le vrai nombre de morts – ce n’était pas 48, mais quelques centaines».

Le journal en ligne russe «Zvezda» cite l’un des soi-disant «témoins» des événements: «Ce jour-là, il y avait beaucoup de morts. Il ne s’agissait pas de 48 cadavres, car c’était déjà un génocide. Je n’indiquerai pas le nombre, mais à mon avis, il y avait à peu près 200 cadavres. Ces corps ont brûlé dans le crématorium près d’Odessa».

Les enquêtes effectués par les autorités compétentes réfutent ces informations. En fait, 48 personnes sont mortes, la plupart dans la Maison des syndicats.

Manipulation: les médias russes continuent de mettre l’accent sur la tragédie dans la Maison des syndicats, mais ne parlent jamais des raisons qui ont provoqué les événements. Et pourtant, les hostilités ont été déclenchées par le camp pro-russe. Tout a commencé dans la rue, par des attaques sur deux personnes : l’un des représentant de «Praviy Sector» , Igor Ivanov, et le partisan d’Euromaidan, Andrey Birukov. Ils ont été tués par une arme à feu.

Plus d’informations à propos de fakes et de manipulations à ce sujet par les médias russes sont disponibles ici.