Le rapport du Collège de défense de l’OTAN souligne que la Russie semble incapable de vaincre les forces ukrainiennes, mais craint que le Kremlin puisse à l’avenir reconstruire son armée et rassembler des forces pour affronter les pays de l’OTAN.

Les analystes de l’OTAN ont « confirmé » que la Russie, dans la guerre contre l’Ukraine, « n’utilise qu’une petite partie de ses ressources disponibles, sans utiliser ses principaux atouts »: voici ce que titrent des médias russes en trafiquant le rapport du Collège de défense de l’OTAN sur l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie. Les données sont manipulées par les coupes des parties les plus importantes pour affirmer que « l’OTAN a compris » et « a confirmé » que la Russie en Ukraine « ne combattait pas à pleine puissance ».

«Tout cela confirme la position de Moscou sur la nature limitée de l’opération spéciale sur des objectifs clairs, qui n’incluent pas la destruction de l’Ukraine. La Russie le dit depuis le début du conflit, mais l’Occident s’entête à le nier. Enfin, les pays de l’OTAN ont commencé à comprendre quelque chose sur les actions de la Russie en Ukraine», mentent les désinformateurs.

Capture d’écran – glas.ru

Le Collège de défense de l’OTAN a effectivement publié un court rapport analytique le 27 juillet, qui examine les tactiques russes dans la guerre contre l’Ukraine. Le message principal de ce rapport est que le manque de préparation de la Russie dans l’invasion de l’Ukraine ainsi que l’ampleur considérable des pertes humaines et matérielles de l’armée russe devraient inciter l’OTAN à réfléchir davantage à la capacité de la Russie à se redresser et à relever un défi militaire contre l’Alliance à l’avenir.

Les analystes ont conclu que malgré l’apparente incapacité actuelle de la Russie à vaincre les forces ukrainiennes, le Kremlin peut tenir compte de toutes ses erreurs, renforcer son armée et attaquer les pays de l’OTAN  à l’avenir. Ils estiment que l’Alliance doit activement renforcer ses défenses, car « les ambitions stratégiques russes ne se limitent pas à l’Ukraine ou à la Moldavie, mais peuvent être décrites comme la création d’une zone militaire tampon qui comprend la Pologne, les trois États baltes et d’autres pays d’Europe centrale, d’Europe de l’Est et du Nord », souligne le rapport (p. 1).

Aucun passage du rapport n’indique que la Russie « ne combat pas à pleine puissance » en Ukraine. Au contraire, le document parle d’une erreur majeure de calcul de la part des Russes en ce qui concerne les forces armées ukrainiennes. Le Kremlin se trompe sur l’Ukraine, l’OTAN en est sûre, car les forces terrestres, les unités aéroportées et navales, les forces d’opérations spéciales et l’appui aérien rapproché russes ont subi de lourdes pertes en personnel et en équipement. D’ici juillet-août 2022, la Russie pourrait avoir atteint la limite de sa capacité à mener des opérations offensives majeures. Par ailleurs, il est souligné que la Russie, en se préparant à une attaque contre l’Alliance, « ne sous-estimerait probablement pas les forces armées de l’OTAN et la détermination politique des Alliés de la même manière qu’elle avait sous-estimé l’Ukraine » (p. 2).

Le rapport mentionne en outre que la Russie a utilisé certaines tactiques militaires contre l’Ukraine de manière limitée, ce que les analystes attribuent aux intentions de la Russie de conserver une partie de ses forces pour une offensive contre les pays de l’OTAN. Par exemple, le Kremlin n’a pas décrété la mobilisation générale et n’a pas utilisé son potentiel nucléaire, bien que des bombardiers stratégiques russes aient été utilisés pour lancer des frappes conventionnelles sur le territoire ukrainien. Il est également à noter que la Russie a récemment commencé à déployer des armes plus anciennes pour frapper l’Ukraine, ce qui peut être dû à la fois à l’épuisement progressif du stock de munitions à guidage de précision et à la planification par la Russie d’une guerre contre l’OTAN.

« Les stocks russes de missiles terrestres, navals et aériens de précision à longue portée, qui préoccupent particulièrement l’OTAN en raison de leur rôle probable dans la planification par la Russie d’une guerre contre elle, ont été largement  utilisés. Alors que les responsables occidentaux suggéraient dès le mois d’avril que la Russie pourrait être à court de ce type d’armes, son stock restant est difficile à estimer et les forces russes continuent de mener des frappes à longue portée », indique le rapport (p. 2).

Dans le contexte actuel d’un fort affaiblissement matériel de ses forces armées russes, de l’effondrement complet de la discipline et des problèmes moraux au sein de son armée, la Russie, dans un futur conflit contre l’OTAN, pourrait recourir à d’autres tactiques militaires, estiment les analystes de l’Alliance, qui ont identifié trois séries principales d’éventuelles agressions russes contre ses membres : l’intimidation nucléaire, l’utilisation du Bélarus comme marionnette et tremplin pour des opérations nucléaires et l’intensification de la cybercriminalité.

Le rapport conclut que la Russie, affaiblie par la guerre avec l’Ukraine, ne cesse pas d’être un adversaire de l’OTAN et peut se transformer en un autre type d’adversaire, avec une évolution partielle de sa doctrine, de ses outils et un ajustement « imposé » de ses capacités. Le véritable objectif de la dissuasion de l’Alliance devrait être de « prendre de l’avance sur la courbe de redressement et d’apprentissage de la Russie et de l’empêcher de rattraper son retard », concluent les analystes du Collège de défense de l’OTAN.