La Pologne a en effet commencé à réarmer ses forces armées. Toutefois, pas pour « attaquer » la Russie, mais pour se défendre contre une éventuelle agression du Kremlin contre la Pologne.

Les médias russes, afin de justifier la politique agressive du Kremlin à l’encontre du monde civilisé, continuent de diffuser des informations erronées sur les « menaces » omniprésentes des pays occidentaux à l’encontre de la Russie. Cette fois, les médias pro-Kremlin ont fait état des « plans connus de tous » de la Pologne pour « attaquer la Russie » dans les années à venir. Citant le ministère polonais de la défense, le média RosS a déclaré : « Varsovie a admis qu’elle envisageait de mener une guerre contre la Russie dans les dix prochaines années ».

Capture d’écran – tsargrad.tv


Les médias russes ont manipulé une déclaration du vice-ministre polonais de la Défense, Marcin Ocepa. Le 8 septembre, un représentant du ministère polonais de la Défense a en effet annoncé que la Pologne prévoyait de réarmer son armée. Cette décision n’est pas liée aux « préparatifs de la Pologne pour une invasion de la Russie », comme l’assurent les médias du Kremlin, mais contraire, dictée par la politique agressive du Kremlin à l’encontre des pays voisins, et notamment en raison de l’attaque contre l’Ukraine.
Marcin Ocepa, dans une grande interview accordée au quotidien polonais Dziennik Gazetą Prawną, a révélé que dans le projet de budget de l’État pour 2023, la Pologne a prévu des dépenses record pour l’armée: plus de 97 milliards de zlotys (plus de 19 milliards de dollars). Selon lui, l’argent sera utilisé pour un réarmement à grande échelle des forces armées polonaises: acquisition de chars Abrams et K2, d’obusiers Krab et K9, système de roquettes d’artillerie hautement mobile HIMARS, satellites de renseignement et de communication, frégates à missiles pour la marine, drones, et bien plus encore.
Le rééquipement de l’armée polonaise, souligne-t-il, est exclusivement lié à l’agression du Kremlin contre l’Ukraine et est dicté par l‘intention de la Pologne de défendre son territoire au cas où l’appétit sanglant des Russes déborderait de l’Ukraine dans sa direction. L’invasion massive et non provoquée du territoire ukrainien par les occupants russes a montré au monde entier que tout pays limitrophe de la Russie peut être attaqué.
M. Ocepa n’a pas prétendu que c’était la Pologne qui « préparait une invasion de la Russie ». Au contraire, il est convaincu que la sécurité de son pays n’a pas de prix et que tout doit être fait pour empêcher les Russes d’envahir la Pologne.
« Nous devons tenir compte de la réalité géopolitique. Il y a un risque sérieux de guerre avec la Russie dans les 3 à 10 ans. Tout dépend de la manière dont se terminera le conflit en Ukraine, mais selon nos estimations, c’est le temps qu’il faudra à la Russie pour reconstituer sa capacité militaire. Nous devons utiliser ce temps pour réarmer l’armée polonaise autant que possible… La guerre coûte beaucoup plus cher que d’investir dans des armements pour la prévenir. Notre tâche consiste à effrayer l’ennemi et à lui montrer qu’il ne vaut pas la peine d’attaquer la Pologne« , a-t-il résumé.
Après l’invasion généralisée du territoire ukrainien par la Russie, la Pologne a commencé non seulement à aider l’Ukraine en lui fournissant des armes et des fonds, mais aussi à moderniser son propre système de sécurité à un rythme accéléré. Les dirigeants polonais ont souligné à plusieurs reprises que le Kremlin ne se contentera pas d’aller au-delà de son projet d’invasion de l’Ukraine, mais qu’il pourrait aller plus loin et occuper les territoires d’autres États voisins.
Le 6 septembre, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a une nouvelle fois mis en garde l’Union européenne contre l’idée qu’en occupant l’Ukraine, la Russie pourrait « se calmer ». Le premier ministre polonais a souligné que l’UE devait se préparer à une éventuelle expansion de l’agression russe car « Poutine et la Russie sont un empire insatiable, un empire colonial. Il n’a d’autres pensées que de conquérir d’autres pays », a-t-il conclu.