Par: Samuel Stolton | EURACTIV.com | translated by Manon Flausch

epa06227610 Mariya Gabriel, la commissaire européenne (bulgare) chargée de l’économie et de la société numériques, lors d’une conférence de presse à Bruxelles, Belgique, le 26 septembre 2017. EPA-EFE/OLIVIER HOSLET [EPA-EFE/OLIVIER HOSLET]
Dans le domaine des infox, «les nouvelles technologies avancent extrêmement rapidement», s’est inquiétée la commissaire au numérique, Mariya Gabriel, qui appelle donc l’UE à «redoubler d’efforts».

La Commission européenne a déjà reçu les premiers rapports sur le code de pratiques contre la désinformation, qui montrent à quel point les signataires du texte appliquent les mesures, a indiqué la commissaire au numérique.

Ce code est une initiative volontaire visant à combattre la circulation de «fake news», ou infox, en ligne. Facebook, Google et Twitter font partie des entreprises participantes. Les résultats des premières évaluations seront publiés durant un événement le 29 janvier.

«J’espère vraiment que nous recevrons des nouvelles encourageantes à cette occasion», a déclaré Mariya Gabriel.

La commissaire bulgare participait à un événement sur l’avenir des médias en Europe, le 23 janvier. Elle a indiqué que si les mesures volontaires ne parvenaient pas à atteindre leurs objectifs, la Commission n’hésiterait pas à légiférer.

Les signataires du code de pratiques sont censés s’autoréguler, une forme d’action qui a été très critiquée par d’autres acteurs du secteur. «Nous avons donné aux plateformes la chance de nous montrer qu’elles peuvent régler le problème des infox d’elles-mêmes grâce à cette approche d’autorégulation», a-t-elle expliqué. «Si cela s’avère nécessaire, la Commission prendra des mesures réglementaires.»

L’évènement rassemblait des représentants de toutes les institutions européennes, ainsi que des militants pour les droits fondamentaux et des chercheurs, qui se sont penchés sur les actions que l’UE pourrait mettre en place pour promouvoir un secteur médiatique plus sain.

L’eurodéputé vert Jávor Benedek a souligné les problèmes liés à la liberté de presse dans les États membres et aux pressions politiques sur les journalistes.

«Les pressions politiques et l’autocensure existent dans de nombreux États membres. Mon propre pays, la Hongrie, est un bon exemple», a-t-il regretté.

Les observateurs estiment que la pluralité des médias a souffert d’une décision prise par le Premier ministre, Viktor Orbán, fin 2018. Celle-ci prévoit le regroupement de centaines de groupes médiatiques progouvernementaux au sein de la Fondation de la presse et des médias centre-européenne.

L’eurodéputé a également parlé des défis financiers qui pèsent sur les organisations de presse, estimant que l’UE devrait s’assurer que le journalisme de qualité et fiable est financièrement soutenu.

«Nous devons adopter une approche complètement nouvelle vis-à-vis des médias. Il faut garantir leur indépendance éditoriale et financière», a-t-il martelé. «Sans liberté de presse, il ne peut pas y avoir de démocratie.»

Julie Majerczak, qui dirige le bureau bruxellois de Reporters sans frontières, a abordé la question de l’hostilité croissante du public vis-à-vis des journalistes, une attitude largement encouragée par certaines personnalités politiques en Europe et dans le monde. Elle cite par exemple le président tchèque, Milos Zeman, qui est apparu sur une photo avec un fusil d’assaut portant les mots «pour les journalistes», en 2017.

«Nos modèles démocratiques sont mis en danger par les tendances totalitaires. Sans liberté de presse, on ne peut riposter», plaide-t-elle.

Le sujet des financements a imprégné toute la rencontre. La commissaire a d’ailleurs admis que les 61 millions d’euros alloués par la Commission dans le cadre du prochain programme Europe Créative ne suffisaient pas. Cette dotation devrait soutenir la liberté de presse, le pluralisme et l’éducation aux médias. Le secteur a récemment perdu pas moins de 9 milliards d’euros de revenus.

Christophe Leclercq, fondateur d’Euractiv, a souligné l’écart entre ces deux chiffres et suggéré des mesures législatives pour assurer les revenus des groupes de presse.

«Nous devons commencer à penser aux priorités futures de la Commission dans le secteur», a-t-il fait remarquer. «La démocratie dans le monde numérique est un objectif de plus en plus important. Assurons-nous de l’indépendance des médias et de leur responsabilisation.»

Mariya Gabriel a affirmé que la Commission devrait faire de son mieux pour assurer que les organes de presse soient préparés aux évolutions du paysage médiatique. «La transformation numérique est en cours. La presse doit s’adapter aux nouveaux défis que cela comporte.»

«Un secteur médiatique pluriel et libre doit rester un élément central de nos démocraties», a-t-elle conclu.

Par: Samuel Stolton

Source: EURACTIV.com translated by Manon Flausch