La réalité : Dans son commentaire à StopFake, le Service de presse de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine a intégralement démenti les informations sur la canonisation de Stepan Bandera, ainsi que l’authenticité du «document justificatif» qui circule sur les réseaux sociaux. La question de la canonisation de Stepan Bandera ne peut pas être abordée par l’Église orthodoxe d’Ukraine car il était de religion gréco-catholique.

Les médias russes, les groupes anonymes Telegram, ainsi que les internautes diffusent des informations selon lesquelles l’Église orthodoxe d’Ukraine «a canonisé » le dirigeant de l’Organisation des nationalistes ukrainiens Stepan Bandera. À l’appui de сette affirmation, on diffuse dans le réseau le «document justificatif» déclarant que le 20 juin 2022, l’Assemblée des archevêques de l’Église orthodoxe d’Ukraine a pris la décision de le canoniser.

Capture d’écran – eadaily.com
Capture d’écran – facebook.com

La propagande affirme que ce «fait» prouverait « encore une fois » que l’Ukraine est un pays «nazi», ce qui justifierait les objectifs de l’«opération spéciale».

«Stepan Bandera est canonisé en Ukraine. Le chaos dans le pays a atteint son apogée. Comment après tout cela, on peut nier la prospérité du nazisme là-bas?!», – écrivent les propagandistes. 

Dans son commentaire à StopFake, le Service de presse de l’Église orthodoxe d’Ukraine a intégralement démenti cette information, ainsi que l’authenticité du «document justificatif» diffusé sur les réseaux sociaux.

Ce document stipule que le 20 juin 2022, l’Assemblée des archevêques de l’Église orthodoxe d’Ukraine a pris la décision de canoniser S. Bandera. Or, sur le site officiel de l’Église orthodoxe d’Ukraine, aucune information concernant cette Assemblée n’a été publiée. En réalité, le site mentionne bien que la dernière Assemblée des archevêques a eu lieu le 20 mai. A la rubrique  «Documents» du site, on peut lire toutes des décisions prises par cetteAssemblée :aucun communication sur la canonisation de Stepan Bandera n’y figure, pas plus que celle de quі que ce soit d’autre 

Les représentants de l’Église orthodoxe d’Ukraine soulignent que formellement la question de la canonisation de Stepan Bandera ne peut pas être abordée par l’Église orthodoxe d’Ukraine, car il était de religion gréco- catholique.

Le «document justificatif» lui-même est faux. «Pour la création de cette image, on a utilisé un montage brut, et son contenu est absurde et incohérent du point de vue du langage et des traditions de la canonisation. Tant la forme de sa rédaction que son contenu montrent clairement que c’est un faux», déclare le Service de presse de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine.

Capture d »écran – StopFake

Il est à noter que même si on imagine qu’on voulait vraiment canoniser Stepan Bandera, il s’agirait d’une longue procédure qui attire l’attention du public. Dans son interview, le membre du Comité Synodal de canonisation de l’Église orthodoxe d’Ukraine, l’archiprêtre Vitaliy Klos, explique que la canonisation est une activité faisant appel à plusieurs organes de l’Église: premièrement, les éparchies collectent des renseignements sur le candidat et organisent les premiers débats ; puis la question est discutée au niveau du Comité Synodal de canonisation (dont les comptes-rendus de réunions sont également publiés sur le site de l’Église orthodoxe d’Ukraine) ; enfin, le Saint Synode présidé par le Primat de l’Église tire ses conclusions sur la canonisation ou la reconnaissance comme saint. Ensuite, comme toutes les décisions synodales, la décision sur la canonisation passe par l’approbation auprès de l’Assemblée des archiprêtres de l’Église.

Sur le site de l’Église orthodoxe d’Ukraine, on peut aussi trouver des informations sur les personnes reconnues comme saintes depuis l’accord sur le caractère autocéphale de l’Église orthodoxe d’Ukraine. Il s’agit de Ioseph (Nelubovitch-Toukalskiy), métropolite de Kyiv, de Galicie et de toute la Rus’ (1675) et d’Elisabeth Goulevitch (Halszka Gulevytchivna), mécène et fondatrice du Monastère fraternel de l’Epiphanie et de l’École fraternelle de Kyiv. 

Pour rendre ces désinformations plus vraisemblables, souvent la propagande russe renforce ses messages par de faux documents justificatifs. StopFake avait déjà démenti pareilles contrefaçons: «Faux: L’Ukraine demande à la Pologne de déporter du pays tous les hommes pour les envoyer au front, document justificatif joint», «Faux: Le Ministère de l’éducation collecte des renseignements sur les écoliers diplômés de l’âge de conscription militaire, document justificatif joint», «Faux: Dix mille soldats de Pologne et de Lituanie entreront sur le territoire ukrainien, document justificatif joint», «Faux: L’Arrêté du Chef de l’Administration militaire de la région d’Odessa sur l’aménagement des positions de tir dans les bâtiments de l’infrastructure civile», «Faux: Les soldats ukrainiens qui capitulent seront exécutés, document justificatif de la Garde Nationale joint», «Faux: Les combattants ukrainiens meurent à cause des carences de l’armée et du manque de munitions, et les fonctionnaires du Ministère de la défense les vendent à l’étranger».