La Russie a assuré avoir empêché une attaque terroriste en Crimée, préparée par la Direction du renseignement du ministère de la Défense de l’Ukraine. Les autorités ukrainiens ont rejeté ces accusations. Selon elles, il s’agit non d’une «tentative d’acte de terrorisme» mais d’une «fusillade entre différentes divisions de sécurité russes».

Les médias russes ont repris unanimement la version évoquant un acte de terrorisme. D’après les médias russes, le «FSB a déjoué des attentats en Crimée » tandis que « le Kremlin accuse Kiev de commencer à user de l’arme de la terreur», «Les attentats en Crimée sont une vengeance pour le référendum», «Un agent du FSB a été tué lors de l’arrestation de terroristes préparant une attentat en Crimée».

Les journalistes du journal en ligne «Echo Moskvi» se montrent particulièrement cyniques. Ils ont mené une enquête sous le titre «s’il y en a besoin de frapper l’Ukraine après les tentatives d’attentats terroristes en Crimée», se demandant quelles pourraient être les cibles. Ils définissent  l’Ukraine comme un «complice direct du terrorisme», qui a montré «son vrai visage». Certes, ils n’oublient pas au passage d’ajouter un complice important : le «Département d’Etat américain, qui a «organisé» tout cela».

Website screenshot ria.ru
Website screenshot ria.ru
Website screenshot rt.com
Website screenshot rt.com
Website screenshot echo.msk.ru
Website screenshot echo.msk.ru

En outre, ces médias propagandistes ont largement repris la déclaration du président russe, qui a affirmé que les autorités ukrainiennes «ont commencé à user de la terreur au lieu de chercher des moyens de règlement pacifique».

Website screenshot rt.com
Website screenshot rt.com

La tonalité générale des publications des médias russes est à l’unisson. Mais les différences se manifestent dans les détails. Par exemple, les médias donnent des informations totalement différentes à propos des cibles de ces prétendus attentats. Ainsi, certains médias ont indiqué qu’ils prévoyaient de viser des sites touristiques. D’autres ont rapporté que les attaques devaient cibler des sites industriels. «Rossiyskaia Gazeta» a affirmé que «les saboteurs devaient frapper la route Simferopol-Yalta lors d’un déplacement des autorités de la république et du gouvernement fédéral». La télévision a montré une vidéo d’un interrogatoire d’un Ukrainien par le FSB russe et une vidéo montrant les «munitions des saboteurs». Elle a été obtenue par un caméraman de NTV Alexander Solovenko. Le journal en ligne «Commersant» a déclaré que «la plupart des personnes arrêtées se composent de résidents de Crimée, ayant des passeports russes dont il faut établir l’authenticité».

Website screenshot ria.ru
Website screenshot ria.ru
Website screenshot kommersant.ru
Website screenshot kommersant.ru

Les médias ukrainiens, à leur tour, ont diffusé un dementi des autorités ukrainiennes et ont mis l’accent sur le fait qu’il n’y pas de preuve de la participation de l’Ukraine dans le sabotage. Pour eux, la Russie tente de dévélopper «une guerre hybride et justifier l’occupation de la péninsule de Crimée et l’agression contre l’Ukraine». En outre, la Russie cherche à «justifier la mobilisation de l’armée russe en proximité de l’Ukraine».

Website screenshot radiosvoboda.org
Website screenshot radiosvoboda.org
Website screenshot 24tv.ua
Website screenshot 24tv.ua
Website screenshot interfax.com.ua
Website screenshot interfax.com.ua

Le renseignement ukrainien a également affirmé que «dans la Crimée occupée a eu lieu un conflit armé entre les militaires des Forces armées russes et le Service des frontières du FSB (Service fédéral de sécurité)».

Websire screenshot news.liga.net
Websire screenshot news.liga.net

Le blogueur Alexei Minakov a étudié les incohérences. Par example, ce blogueur a découvert en consultant les profils sociaux du «saboteur» prétendu Evgeny Panov, qu’il ne pouvait pas être un espion professionnel, car il était «un militaire du rang de la 23 brigade fusilier-motocycliste» lorsqu’il a fait son service dans l’ATO (opération antiterroriste), et avant son service militaire, il était conducteur de voiture à la centrale nucléaire de Zaporojie.

Website screenshot obozrevatel.com
Website screenshot obozrevatel.com

Un journaliste de «Leviy Bereg», Andrey Janitski, a estimé que «l’idée d’un sabotage en Crimée a l’air d’une histoire de fous». Pour lui, « il est difficile de comprendre le comportement des prétendus saboteurs. Il est en effet assez simple d’atteindre la péninsule à travers les points de contrôle sur la frontière administrative avec la région de Kherson ou de la Russie en plein jour, et il n’y a aucun besoin d’y penetrer la nuit, en se cachant».

Website screenshot  lb.ua
Website screenshot lb.ua

Le blogueur et journaliste de Tyzhden Denis Kazanskiy a qualifié la version russe de «délire de scizophrène». En outre, il a indiqué que la Russie «décrit les événements comme s’ils s’étaient passé dans un film d’animation sur Scrooge McDuck. La version russe est déréalisante». L’écrivain et blogueur Ian Valetov a fait l’analyse des articles publiés par les médias russes du point de vue du scénariste. Il a conclu que «dans le cas, où il y a besoin d’une raison, on n’accorde pas d’attention à la logique».

 Facebook screenshot  by Denys Kazansky
Facebook screenshot by Denys Kazansky
Website screenshot du compte de @ian.valietov
Website screenshot du compte de @ian.valietov

Les utilisateurs des réseaux sociaux ont indiqué d’autres détails faux. Dmitriy Simanskiy a remarqué que l’image de la tente où on a prétendument trouvé les «saboteurs» ne peut être authentique, car elle provient d’une base de données d’images libres de droits. Cette photo n’a rien à voir avec le conflit.

Facebook screenshot by @drykun
Facebook screenshot by @drykun