Réalité: les propagandistes se sert d’une photographie modifiée pour semer le discorde dans les milieux orthodoxes.

Très probablement, l’image en question a été modifiée. En 2021, le synode de l’Église orthodoxe d’Ukraine a approuvé une version unifiée de la traduction du Credo en ukrainien. Il y manque le libellé latin Filioque (à propos de l’origine du Saint-Esprit « du Père et (du) Fils »).

Dans le contexte de la transition de certaines communautés ecclésiales de l’Église orthodoxe russe vers l’église ukrainienne, les soi-disant « chaînes Z » sur Telegram et le propagandiste russe Ruslan Ostashko en particulier, ont diffusé des fausses informations selon lesquelles l’Église orthodoxe d’Ukraine, qui a reçu le statut d’autocéphale en 2019, aurait comme but de remmener des Ukrainiens vers le catholicisme. Ils prétendent que les prêtres ukrainiens imposent la version catholique de la prière Credo et l’affichent sur les portes des temples. À l’appui de cela, les utilisateurs partagent une « photo » d’un tel dépliant.

« Il y a les annonces dans les temples de l’Église orthodoxe d’Ukraine, qui ont été saisies par les schismatiques. Faites attention au texte de la prière – c’est catholique! C’est tout l’intérêt de l’église orthodoxe ukrainienne (EOU) – de nous catholiciser lentement! Malheureusement, l’EOU n’a rien à voir avec la religion et la spiritualité », commentent certains internautes.

Capture d’écran – facebook.com

Le « dépliant » avec le logo de l’EOU indique que ce texte est la version ukrainienne du Credo. Il convient de rappeler que le Credo est considéré comme un résumé des dogmes de l’Église, adoptés lors du premier concile œcuménique de Nicée en 325. Dans le texte du « dépliant », on peut voir Filioque, la formulation latine qui, dans le christianisme, signifie la descente du Saint-Esprit « du Père et (du) Fils » et qui a été ajoutée au Credo de Nicée dans l’Église latine. Cette formulation est acceptée par l’Église catholique et la plupart des Églises protestantes. L’Église orthodoxe orientale ne reconnaît pas le Filioque – les théologiens de l’Église croient que le Saint-Esprit vient seulement du Père. La controverse sur le dogme de l’origine du Saint-Esprit est l’une des raisons du schisme de l’Église chrétienne en 1054.

Un fragment d’un autre dépliant est également visible sur la photographie – probablement une liste de services. La dernière phrase « …opalima Kupina » indique que la photographie a probablement été prise à l’église de l’icône de la Vierge Marie « Neopalimaya Kupina ».

Très probablement, cette image a été modifiée dans un but de provocation. Le fait est que le 27 juillet 2021, le Synode de l’EOU a approuvé une version unifiée de la traduction du Credo en ukrainien, préalablement approuvée par la Commission théologique et liturgique synodale. Il n’y a pas de Filioque dans le texte publié. « …Moi dans l’Esprit Saint, le Seigneur, Celui qui donne la vie, qui vient du Père… », dit la traduction approuvée.

Capture d’écran – pomisna.info

La provocation se manifeste également par le fait que le Credo du tract ne correspond à aucune des options approuvées pour traduire la prière en ukrainien. Dans le texte diffusé sur le réseau, on retrouve la mention « вірую в одну, Святу, Католицьку та Апостольську церкву ». Cependant, la version approuvée par l’Église orthodoxe d’Ukraine dit « В Єдину, Святу, Соборну і Апостольську Церкву », dans l’Église gréco-catholique ukrainienne – « В єдину, святу соборну й апостольську Церкву », l’Église catholique romaine d’Ukraine – « Вірую в Духа Святого, святу вселенську Церкву ».

De plus, la version du Credo diffusée sur Internet diffère considérablement de la version approuvée par l’Église catholique romaine.

Capture d’écran – rkc.org.ua

Ce n’est pas la première fois que des propagandistes diffusent de fausses informations afin de discréditer l’Église orthodoxe d’Ukraine. Plus tôt, StopFake a réfuté les fausses informations selon lesquelles l’Église orthodoxe d’Ukraine aurait « canonisé » Stepan Bandera et forcé les paroissiens de l’Église orthodoxe ukrainienne à « se rebaptiser».